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Contribution sous : ParisBerlin Web >> Politique
Un Germano-francophone au Bundestag
jeudi 19 février 2015
Karamba Diaby a quitté le Sénégal en 1984 pour poursuivre ses études en Allemagne. Trente ans plus tard, il devient le premier député noir de l'histoire du Bundestag.Karamba Diaby. Depuis le 22 septembre 2013, ce nom est gravé dans les annales de l'histoire politique allemande. C'est celui du premier député noir élu au Bundestag. Son histoire a rapidement fait le tour des médias nationaux et inter- nationaux jusqu'au prestigieux New York Times qui lui a consacré un article en mai dernier. Mais Karamba Diaby garde la tête froide. Si les médias s'intéressent à lui, c'est avant tout "parce que les immigrés d'origine africaine sont encore trop peu présents dans les institutions politiques et administratives". Pas question pour lui d'être réduit à ses racines sénégalaises ou africaines, il veut être un "député normal" et porter les idées du SPD sur l'intégration des immigrés certes, mais aussi sur l'éducation et le salaire minimum. Karamba Diaby nous donne rendez-vous dans un restaurant de la Wilhelmstraße, à deux pas du Bundestag. "Je suis pressé. Je suis attendu pour visiter un appartement à Prenzlauer Berg, je prépare mon déménagement à Berlin", lance-t-il dans un français coloré d'un accent sénégalais. Né le 27 octobre 1961 à Marsassoum, au sud du Sénégal, Karamba Diaby a fréquenté pendant deux ans l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, où il a côtoyé un certain Macky Sall, l'actuel président de la République du Sénégal. Une seule fois au cours de l'interview, Karamba Diaby quitte son généreux sourire, lorsqu'il évoque la disparition de ses parents. Il n'avait que quelques mois lorsque sa mère est décédée. À l'âge de 7 ans, il perd également son père et est recueilli chez sa soeur aînée. Sur les raisons de leur disparition, il refusera d'en dire plus. En octobre 1984, fuyant ""es difficiles conditions" d'études à Dakar, il débarque en République démocratique allemande, alors que l'Allemagne est divisée par le rideau de fer. Après une année d'apprentissage de l'allemand à Leipzig, il entame des études de chimie à Halle, en Saxe-Anhalt. En 1996, il obtient le titre de docteur en chimie et géo-écologie. Surmonter des obstacles Paradoxalement, c'est dans cette partie est de l'Allemagne, connue pour être un terreau du racisme et de la xénophobie, que Karamba Diabya réussi à se faire un nom. Il a dû surmonter beaucoup d'obstacles avant d'être élu député. Il raconte l'agression physique dont il a été victime en mai 1990, parle de la campagne de déstabilisation menée contre lui en 2011 par des médias d'extrême droite ou des courriers haineux qu'il a reçus. Loin de le décourager, ces attaques ont renforcé son engagement politique. "Le problème du racisme existe partout en Europe. Il suffit de jeter un oeil sur les scores des partis d'extrême droite pour s'en rendre compte", lance-t-il. En 2001, Karamba Diaby acquiert la nationalité allemande. Là encore, c'est un combat pour lui. Un combat face à ses propres contradictions : "On me demandait de renoncer à ma nationalité sénégalaise et je m'y refusais par principe. Jusqu'à ce que je réalise que je serais plus utile si je pouvais m'engager en politique", explique-t-il. En 1995, il épouse une agronome allemande avec qui il aura deux enfants. S'il a échangé sa nationalité d'origine avec celle de sa patrie d'adoption, cela ne l'empêche pas de retourner "de temps en temps" au Sénégal. Il reste, dit-il, "très lié à son pays d'origine". Sa manière sénégalaise de faire de la politique serait d'ailleurs une des raisons de son succès. "Il n'y a pas en Allemagne cette proximité entre les candidats et les électeurs", explique- t-il. Une chaleur et un contact facile qui lui auraient permis de gagner le coeur des habitants de Halle où il devient conseiller municipal en 2009. Le 6 octobre 2012, Karamba Diaby est désigné par le Parti social-démocrate comme candidat au Bundestag dans la circonscription de Halle. Cinq mois plus tard, il obtient l'investiture du parti. Depuis, cet homme au visage rond et aux cheveux ras n'a cessé de s'investir pour qu'au soir du 22 septembre son nom figure sur la liste des élus au Bundestag. "Mon but était d'être élu au suffrage direct mais cela n'a pas été le cas. Mais sur la proportionnelle, je suis arrivé en troisième position parmi douze candidats, ce qui est aussi un motif de satisfaction", glisse-t-il. Mais l'Allemand d'origine sénégalaise ne s'intéresse pas seulement à ce qui se fait en Allemagne. Il a développé également un intérêt pour la politique française. "Je suis en quelque sorte issu d'un système germano- francophone", explique-t-il. "L'Allemagne et la France jouent un rôle primordial dans l'Union européenne. Je souhaite qu'ils poursuivent une politique commune pour la croissance et qu'ils s'entendent sur un pacte contre le chômage des jeunes."
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