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Hollande et Merkel, enfin un couple !
mercredi 04 mars 2015
Depuis les attentats parisiens de début janvier, le couple franco-allemand semble connaître une lune de miel. Le moment idéal pour lancer des initiatives communes afin de faire revenir la croissance en Europe.Ce sont des images qu'on avait pas vu depuis longtemps dans le franco-allemand : Angela Merkel et François Hollande partageant un moment d'émotion et de solidarité le 11 janvier quelques jours âpres les attentats parisiens, puis faisant front ensemble sur un dossier international en cherchant à résoudre le conflit ukrainien début février. Si on ne peut pas analyser une relation uniquement sur la base d'instantanées, ces moments symboliques sont tout aussi indispensables pour entretenir et nourrir les liens entre nos deux pays. L'histoire du franco-allemand est jalonné par des rencontres à forte charge émotive: Adenauer et de Gaulle ensemble dans la cathédrale de Reims pour une messe de la réconciliation en 1962, Kohl et Mitterrand main dans la main en 1984 à Verdun, Merkel et Sarkozy lors de la célébration commune de l'Armistice en 2009 à Paris. L'image de la chancelière Angela Merkel, les yeux clos, la tête penchée sur l'épaule du président français le 11 janvier, reflétait l'émoi de cette journée. Pour une fois, les deux dirigeants ne s'étaient pas rencontrés pour évoquer les habituels dossiers liés aux questions de relance de la croissance en Europe et du contrôle des déficits publics. "Ces moments d'émotion sont importants à partager", souligne un proche de la chancelière. Pour la chancelière qui a grandi sous la dictature communiste est-allemande et qui a connu les manifestations de 1989 pour la liberté, aller défiler aux côtés du président français à Paris en faveur de la liberté d'expression, était un écho à sa propre histoire. Depuis l'élection de François Hollande en mai 2012, les deux dirigeants n'avaient pas vraiment réussi à trouver un terrain d'entente et les conflits s'étaient multipliés sur la manière de relancer la croissance et les investissements en Europe. La crise de l'économie française n'a fait qu'aggraver les complexes français à l'égard d'une Allemagne prétendument égoïste et arrogante et a grandement fragilisé la relation. Lors d'une visite à Paris en novembre 2014, le philosophe Jürgen Habermas a abordé le sujet sans détours : "les relations n'ont jamais été aussi mauvaises depuis 1953" a t-il dénoncé en présence de l'Ambassadrice d'Allemagne. Une action diplomatique commune forte Le choc suscité par les attentats en France et en Allemagne où la solidarité de cette dernière a été très forte,- de nombreuses manifestations ont été organisées à Berlin et dans plusieurs villes allemandes-, a changé la donne. Face à la menace terroriste et aux mesures à prendre au niveau européen (Fichier PNR et renforcement des contrôles aux frontières extérieures de Schengen voir pages 8-9), le duo franco-allemand a non seulement trouvé un sujet où les deux dirigeants pouvaient facilement tomber d'accord mais en intervenant conjointement sur le conflit ukrainien avec un voyage à Kiev, puis à Moscou, et enfin à Minsk où ils ont tenté dans une négociation marathon de 16 heures de convaincre la Russie et l'Ukraine de s'accorder sur un cessez-le-feu qui n'a tenu que quelques heures, ils ont à la fois pu témoigner d'une action diplomatique commune forte et renouer avec les racines du franco-allemand qui s'est construit sur le refus de la guerre et la volonté de promouvoir la paix en Europe. Et même si beaucoup d'experts soulignent le rôle prédominant d'Angela Merkel, les images du duo franco-allemand ont fait la une des journaux des deux côtés du Rhin. "Tous ceux qui pensaient que Paris et Berlin ne travaillaient pas d'égal à égal, y trouvent un cinglant démenti", souligne Günter Gloser, ancien secrétaire d'état aux Affaires européennes. Depuis le début du conflit ukrainien, Paris et Berlin ont prouvé à maintes reprises leur bonne coopération. Les tensions s'aggravant, il était devenu inévitable que les deux dirigeants se saisissent personnellement du dossier à la fois pour éviter de faire voler en éclats ce qui reste d'unité européenne et l'arrivée d'une situation incontrôlable. Aussi, le regard qu'on porte sur la France et le président français est en train de changer. Alors que la presse allemande tirait à boulets rouges pendant des mois sur l'économie française, son gouvernement et son président, elle a salué la gestion par François Hollande et Manuel Valls des attentats, et a modifié son ton et son jugement sur le président français. " Un chef d'État enfin", titrait en février dernier le quotidien du sud Süddeutsche Zeitung. " Au même moment, le quotidien conservateur FAZ expliquait dans ses colonnes que le président français s'est "passé en quelques mois d'un indécis à un chef négociateur déterminé aux côtés de la chancelière". Même le tabloïd Bildzeitung s'est fait l'écho de la remontée spectaculaire du président français dans les sondages. Cette nouvelle image, Paris la doit aussi au jeune et brillant ministre de l'économie Emmanuel Macron et à sa loi pour la croissance et l'activité, surnommé loi Macron que le gouvernement a fait adopter en contournant l'assemblée nationale grâce à au recours de l'article 49-3. "La déception qu'a suscité l'Italie de Matteo Renzi aussi bien en France qu'en Allemagne a à nouveau souligné l'absence d'alternative pour le duo franco-allemand", note Claire Demesmay, chef du programme France-Allemagne à la Société allemande de politique étrangère (DGAP). "C'est un contexte favorable pour des initiatives franco-allemandes afin de faire revenir la croissance en Europe", renchérit Günter Gloser. Vu d'Allemagne, on a apprécié les déclarations de François Hollande en faveur d'une recherche commune au problème grec. Lors d'une conférence de presse début février, il avait souligné qu'il ne souhaitait pas diviser l'Europe entre une Europe de gauche et dépensière et une Europe de droite qui privilégie la discipline budgétaire et une réduction de la dette. Reste que les inquiétudes allemandes sur l'aptitude de la France à se réformer existent toujours. Et même si on reconnaît à Manuel Valls et Emmanuel Macron leur détermination á mener des réformes, il faut "convaincre l'ensemble du pays, pas seulement le parlement", observe M. Gloser.
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