Hollande et Merkel, enfin un couple !
Depuis les attentats parisiens de début janvier, le couple franco-allemand semble connaître une lune de miel. Le moment idéal pour lancer des initiatives communes...
Contribution sous : ParisBerlin Web >> Politique
Malte, européenne et fière de l'être
jeudi 19 février 2015
À Malte, l'Europe est partout. À chaque coin de rue s'affichent les programmes de soutien européens au petit archipel: rénovation des monuments historiques, des sites touristiques, aménagements des routes et des carrefours, programmes d'assainissement d'eau, tout y passe. L'Europe est partout. Et à l'heure où les Maltais fêtent le dixième anniversaire de leur entrée dans l'Union européenne, nul ici ne songe à s'en plaindre. Bien au contraire."Sans l'Europe, nous ne savons pas quel destin nous aurions eu dans le grand mercato économique actuel", entend-on à longueur de discussions. Et pourtant l'adhésion de Malte à l'Union européenne (UE) n'a pas été de tout repos et a fait l'objet d'un débat national agité entre le Parti conservateur, le Partit Nazzjonalista, et le Parti travailliste, le Partit Laburista, originellement eurosceptique. La conversion de ce dernier a joué un grand rôle dans l'adhésion des Maltais à l'identité européenne. "Oui, sur la question européenne nous avons longtemps connu un flottement et un clivage fort entre nos deux partis principaux. Ces deux partis sont au coude à coude ici: sur un total de 69 sièges, seuls cinq les séparent. Et l'Europe était un enjeu de différenciation fort. Alors quand la gauche de notre échiquier politique est devenue pro-européenne, c'est en fait tous les Maltais qui le sont devenus. La droite l'était déjà", se souvient Manuel, commerçant à La Valette, capitale de Malte. "Et aujourd'hui tous les Maltais sont fiers et heureux de participer à la construction européenne. C'est tellement vrai qu'un des sujets poli- tiques récurrents est d'évoquer notre rôle futur à la présidence de l'Union en 2017. Trois ans avant, nous nous réjouissons déjà et espérons que ce sera le moment de nous distinguer." Un enjeu partagé à droite comme à gauche, et par tous les Maltais quand on connaît leur implication dans la vie politique qui se traduit par un taux de participation aux consultations électorales parmi les plus élevés au monde : plus de 90 % (91 % pour le référendum d'adhésion en 2004 à l'UE, 93% aux dernières législatives). Un système bancaire fort Malte europhile ? Oui. Et elle a bien des raisons de l'être : l'UE est leur principal partenaire commercial, et le pays est bénéficiaire net du budget communautaire sur la période 2014-2020 à hauteur de 627 millions d'euros. Des arguments de poids qui en ont fait un bon élève de l'Europe. "Un des seuls sujets qui nous distingue, selon Michael, employé de banque, est notre opposition à la proposition de mise en oeuvre d'une taxe sur les transactions financières dans le cadre de la zone euro (que Malte a intégrée en 2008 ndlr). Nous sommes évidemment soucieux de préserver notre compétitivité en la matière." Un système bancaire attractif mais prudent qui l'a partiellement protégée de la crise de 2008 et qui lui vaut une belle dixième place au classement des systèmes bancaires les plus forts du monde par le World Economic Forum en 2012. Hormis ce système bancaire, il n'y a d'ailleurs pas grand-chose à Malte: du sel, de la pierre, et le sens commercial des Maltais. La jeunesse locale, qui parle à travers Francesca, 17 ans, le sait bien : "Il n'y a rien ici. À part la plongée sousmarine, nous n'avons rien à faire sur notre caillou qui fait à peine 30 kilomètres sur 15. Et peu d'espoirs de trouver du travail en dehors du secteur touristique. L'Europe facilite notre mobilité et nous ouvre des perspectives. Avec une prédilection pour l'Italie très présente ici via ses chaînes de télévision publique. Et puis grâce à l'Europe nous rencontrons beaucoup de jeunes qui viennent en stage d'anglais sur l'île", ajoute-t-elle. Ce qui est effectivement une des curiosités de Malte qui est la troisième destination européenne pour apprendre l'anglais, après Londres et l'Irlande. À cela, il y a trois raisons : l'héritage laissé par la colonisation britannique, le soleil et la mer. Lorène, élève en quatrième, venue de Paris, le concède : "C'est surtout pour cela que je suis venue. Pour faire du sport et la fête. Question anglais c'est discutable. Je ne parle pas des cours. Mais des gens. En fait ils parlent un anglais approximatif. Et parfois pas du tout." Qu'importe ! Cette offre de séjours linguistiques développe des quartiers entiers à commencer par Saint Julians où se concentrent boîtes et pubs et où se déroulent les seules nuits enfiévrées de Malte. Le reste de l'archipel se couche tôt. Très tôt. Et c'est plutôt là qu'on retrouve les touristes, environ 1,2 million (soit 25 % du PIB, 7 % des emplois) qui se partagent chaque année les deux principales îles de l'archipel : Gozo et Malte. "C'est un tourisme un peu désargenté", selon Anastasju, moniteur de sports nautiques à Comino, un des spots à la mode. "Les autorités aimeraient bien monter le niveau, et c'est notre enjeu pour le futur. D'autant que le tourisme de masse est peu adapté à notre petit territoire." "C'est vrai mais cela passe par des infrastructures adaptées que la crise n'a pas aidé à développer", renchérit Carina longtemps stagiaire à l'office du tourisme. C'est que la crise, ici comme ailleurs, se fait sentir. Alors il est courant que les habitants fassent deux ou trois jobs dans une même journée pour maintenir leur niveau de vie. Pour l'État, comme pour de nombreux pays de l'espace Schengen, il a fallu trouver des revenus supplémentaires pour satisfaire aux impératifs de Bruxelles, en accordant des permis de séjour plus ou moins longs voire la nationalité aux immigrants fortunés. La France le fait, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, la Hongrie, la Lettonie, les Pays-Bas, la Grèce... Malte aussi depuis l'automne 2013. Moyennant un achat immobilier d'au moins 350000 euros et un investisse- ment de plus de 150000 euros, il est possible d'acquérir la nationalité maltaise. Le cabinet privé Henley & Partners vérifie la provenance des fonds, et s'assure de la "qualité" du candidat afin d'éviter le blanchiment d'argent sale. Mais selon un avocat local qui préfère garder l'anonymat "en fait tout le monde est éligible. Ce n'est qu'une question d'argent". Qu'à cela ne tienne, on en a besoin, et il s'agit, de l'aveu même du Premier ministre maltais, travailliste et ex-membre du Parlement européen, Joseph Muscat, de "ne" collecter via cette réforme votée au Parlement qu'une trentaine de millions d'euros par an, soit une cinquantaine de naturalisations chaque année. On est loin des 7 000 permis délivrés par Riga, en Lettonie en 2013 - où 98% des demandes ont été validées - qui ont rapporté plus de 600 millions d'euros. Les Maltais sont restés indifférents à cette loi qui n'a pas vraiment fait débat - contrairement à Bruxelles où elle a mis en lumière une autre faille de la citadelle Europe : la non-harmonisation des conditions de l'accession à la nationalité fait courir le risque d'une vente à la découpe des pays les plus fragiles économiquement par des ressortissants non européens. Seul le député maltais Simon Busuttil s'en est offusqué : "C'est un jour noir pour la démocratie. La citoyenneté n'a pas de prix mais elle a désormais une valeur." Ce qui n'a ému personne, face à l'obligation de renflouement du budget public, à la nécessité des investissements et au désir de respecter scrupuleusement les consignes européennes. C'est que, ici comme partout, la crise est passée et nécessité fait loi. Et qu'elle a convaincu les insulaires de l'utilité d'appartenir au grand ensemble européen. Qui s'en félicitent très majoritairement.
Plus d'actualités
Hollande et Merkel, enfin un couple !
Depuis les attentats parisiens de début janvier, le couple franco-allemand semble connaître une lune de miel. Le moment idéal pour lancer des initiatives communes...
Steinmeier : respect des accords et solidarité à l'égard de la Grèce
Interview avec Frank-Walter Steinmeier, ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne.
Alternative für Deutschland, un phénomène de longue durée ?
L'AfD convainc de plus en plus d'électeurs grâce à des positions conservatrices et populistes. Les divergences sur la politique économique et les scandales provoqués...
Une Europe désarmée
Les conflits qui ont éclaté en Ukraine et au Moyen-Orient remettent en question la politique de voisinage développée par Bruxelles. Retour sur le partenariat oriental...
|