Contribution sous : ParisBerlin Web >> Politique

Europe : l'écrasante responsabilité d'Angela Merkel


Publié initialement le Montag, 22. Dezember 2014
0
0
0
0
0

« Il n'y a plus qu'un pilote allemand dans l'avion Europe, le copilote français discutant avec les passagers » constatait récemment l'eurodéputé français Alain Lamassoure dans un entretien à ParisBerlin.
















La France semble, en effet, aux abonnés absents sur la scène européenne, laissant à Angela Merkel la lourde responsabilité de tenir les rênes d'une Union de plus en plus décriée par ses citoyens, comme l'a montré la poussée des partis eurosceptique, et qui dispose de peu de temps pour tenter de retrouver sa crédibilité.

La reconduction, à une écrasante majorité, de la chancelière à la tête de la CDU et le fait que 56% des Allemands souhaitent qu'elle se présente à un quatrième mandat renforcent encore cette suprématie allemande due essentiellement au succès de la politique de rigueur courageuse conduite à Berlin qui devrait permettre au pays de retrouver un budget en équilibre sans accroissement de la dette en 2015. Dans une Union qui peine à relancer ses économies, l'Allemagne apparait ainsi comme un modèle, même si sa croissance ralentit. Angela Merkel a placé, en outre,  des hommes de confiance à la tête des principales institutions communautaires : le luxembourgeois Jean-Claude Juncker à la présidence de la commission, le polonais Donald Tusk à la présidence du  conseil de l'Union sans oublier qu'un Allemand, certes socialistes, Martin Schulz préside le parlement de Strasbourg, pour ne citer que les postes les plus spectaculaires. Cette suprématie allemande imprègne et marque les décisions européennes, de la gestion de la crise grecque au contrôle des budgets nationaux mis en place il y a deux ans en passant par la mise en place d'une Union bancaire affectant le moins possible les banques allemandes et instaurant une solidarité minimale.    

La domination allemande de l'Europe s'explique également par l'absence et le manque d'initiative de la France et de son President, François Hollande.  Les tentatives maladroites de ce dernier pour tenter de bâtir de nouvelles alliances puis  ses engagements non tenus et son incapacité à décider expliquent le mauvais était de la relation franco-allemande qui s'est encore détérioré ces derniers mois. Toute l'histoire de la construction européenne montre pourtant, qu'en dépit des élargissements successifs, un accord franco-allemand constitue souvent le préalable à tout avancée. « La France n'est pas capable de tenir les promesses qu'elle a faite à ses partenaires ce qui nuit gravement à sa crédibilité et aujourd'hui son économie n'est pas en ordre de marche. C'est nous qui avons créé ce vide politique » souligne Sylvie Goulard, députée européenne libérale. Le report,  à trois reprises en quatre ans, par la France  de l'échéance qu'elle s'était fixée pour ramener son déficit à 3% de PIB, exaspère de plus en plus ses partenaires, au premier rang desquels le gouvernement mais aussi les citoyens allemands qui comprennent mal que les Français s'exonèrent des efforts budgétaires et des réformes que tous les autres Etats membres de l'Union ont mené, parfois douloureusement. Dans une interview au quotidien Welt am Sonntag, la chancelière l'a souligné assez brutalement. « La commission européenne a demandé à la France et à l'Italie de présenter des mesures supplémentaires en indiquant de façon claire que ce qui est jusqu'à présent sur la table n'est pas encore suffisant. Ce avec quoi je suis d'accord » expliquait-elle. Et cette mise en garde était reprise, quelques jours plus tard par l'ensemble des ministres des finances de la zone euro  qui ont demandé à leur homologue français de ne plus perdre de temps.  Selon Alain Lamassoure la nouvelle commission , présidée par jean-Claude Juncker, aurait du dénoncer l'attentisme français fin novembre sans attendre le mois de mars comme elle l'a décidé pour se prononcer sur le budget français pour 2015. « Il faut, estime l'eurodéputé, que l'Union oblige la France à mener les réformes qu'elle s'est engagée à faire et qu'elle ne cesse de différer ».    


Selon lui, comme pour la plupart des observateurs, la domination allemande comporte, en effet, des risques pour l'Europe. « Une situation dans laquelle un seul pays, l'Allemagne aujourd'hui, joue un rôle trop dominant met tout le monde mal à l'aise, y compris les dirigeants de ce pays » estime Lamassoure. « On s'approche du point de rupture, cette domination d'un seul est trop éloignée de l'idéal européen » ajoute un haut fonctionnaire bruxellois. « La place qu'occupe l'Allemagne devient insupportable » renchérit un eurodéputé « le couple franco-allemand ne peut pas être remplacé par Berlin. Une Europe allemande, c'est courir le risque du rejet ». Angela Merkel doit tout faire pour éviter ce rejet en montrant, au cours des prochains mois, qu'elle est capable de concilier intérêts européens et préoccupations allemandes en contribuant notamment au financement du grand plan d'investissements de 315 milliards d'euros proposé par Juncker.Une lourde responsabilité dont dépendra ,en large partie, la relance ou l'échec de l'Europe.


Weitere Artikel

Hollande et Merkel, enfin un couple !

Depuis les attentats parisiens de début janvier, le couple franco-allemand semble connaître une lune de miel. Le moment idéal pour lancer des initiatives communes...
Hollande et Merkel, enfin un couple !

Steinmeier : respect des accords et solidarité à l'égard de la Grèce

Interview avec Frank-Walter Steinmeier, ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne.
Steinmeier : respect des accords et solidarité à l'égard de la Grèce

Alternative für Deutschland, un phénomène de longue durée ?

L'AfD convainc de plus en plus d'électeurs grâce à des positions conservatrices et populistes. Les divergences sur la politique économique et les scandales provoqués...
Alternative für Deutschland, un phénomène de longue durée ?

Une Europe désarmée

Les conflits qui ont éclaté en Ukraine et au Moyen-Orient remettent en question la politique de voisinage développée par Bruxelles. Retour sur le partenariat oriental...
Une Europe désarmée
Verfassen / Hinterlassen Sie ein Kommentar
  
Name *
Email *
Ihr Kommentar *
Erhalten Sie den deutsch-französischen Newsletter
und bleiben Sie jeden Monat auf dem Laufenden über aktuelle europäische Geschehnisse
OK
Entdecken Sie die Produkte in unserem Onlineshop: die aktuellen sowie vorangegangenen Zeitschriften, einzelne Artikel zum downloaden ( 2€ pro Artikel), und weitere Artikel von ParisBerlin (Bücher, T-Shirts, Tassen und vièles mehr) !
Mazars
© All Contents |  Contacts | Mentions légales