Najat Vallaud-Belkacem à Berlin, une journée pour défendre sa réforme


mercredi 27 janvier 2016
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La ministre de l'Éducation nationale s'est rendue à Berlin, lundi 25 janvier, trois jours après avoir présenté son programme linguistique pour la prochaine rentrée scolaire. La réforme du collège, dont l'apprentissage de l'allemand est menacé, a suscité beaucoup d'inquiétudes outre-Rhin. Devant le congrès du SPD, elle a tenu à rassurer ses homologues allemands et a également abordé les sujets d'immigration et de mixité sociale dans les écoles.





Un marteau à la main et un impressionnant clou de menuiserie de l'autre. L'imposante pièce métallique, gravée des initiales "NVB", doit être enfoncée sur le tronc d'arbre qui surveille l'entrée de la Hans-Böckler Schule. L'instrument est tout aussi lourd que le clou et Najat Vallaud-Belkacem doit s'y prendre à quelques reprises. La ministre de l'Éducation nationale est finalement aidée par Sigmar Gabriel, président fédéral du SPD, qui scelle l'affaire d'un seul jet. Les deux politiques se sont retrouvés, lundi 25 janvier, dans cette école professionnelle de Kreuzberg pour faire la promotion des échanges scolaires franco-allemands. Une dizaine d'élèves français du lycée Jules Verne de Guingamp travaille dans ces ateliers depuis quelques jours : "Nos élèves viennent étudier une semaine dans cette école puis ils sont plongés quinze jours dans des entreprises allemandes. C'est formateur pour eux de travailler dans un pays étranger et de dépasser la barrière de la langue" explique une de leur tutrice également présente.
Pour le vice-chancelier Sigmar Gabriel, la visite de l'établissement était l'occasion de "mettre en avant les échanges éducatifs entre les deux pays et les intérêts des Allemands à étudier le savoir-faire français".

Inégalité des chances face à l'immigration

Près de 300 personnes ont assiégé le hall d'entrée de la Willy-Brandt Haus, siège du SPD. Journalistes et politiques attendent les discours de leur dirigeant actuel, Sigmar Gabriel, et de Najat Vallaud-Belkacem. Ils sont appelés à s'exprimer sur les sujets d'actualité qui minent, depuis quelques mois, les relations franco-allemandes : accueil des réfugiés dans le contexte éducatif, ségrégation et réforme des langues vivantes dans les écoles françaises.
Et face au même problème, les deux politiques adoptent les mêmes solutions. Pour diminuer l'inégalité des chances qui perdurent dans les établissements scolaires des deux pays, le président du SPD et la ministre française envisagent davantage de mixité sociale. Pour y parvenir, Sigmar Gabriel espère "une refonte de la politique de formation et modifier les liens entre les Lander et la fédération". Outre-Rhin, le mélange des élèves passera par l'amélioration des établissements défavorisés avec, notamment, les "parcours d'excellence". Ces derniers devraient permettre aux élèves de 3ème scolarisés dans des collèges français en difficulté de se faire accompagner par un tuteur pendant les quatre prochaines années de leur cursus.
Mais dans le contexte international actuel, les deux politiques s'accordent à dire que les réfugiés doivent également bénéficier des établissements éducatifs. Si des classes spécifiques ont déjà été ouvertes en Allemagne au bénéfice des jeunes demandeurs d'asile, la France devrait reprendre cette initiative : "les enfants doivent être accueillis sans délai dans des cours intensifs pour leur apprendre le français. Au bout d'un an, ils seront intégrés dans une classe normale", explique la ministre avant de continuer : "Il faut qu'ils aient le sentiment d'appartenir à la République, à notre pays et à nos valeurs".

Une réforme source d'inquiétudes

Comme pour finir sur une note qui fâche, Najat Vallaud-Belkacem termine son discours en évoquant la réforme des langues vivantes dans les établissements scolaires français. Cette dernière prévoit la fin des classes "Europe", et donc l'absence d'enseignement germanique comme première langue vivante supplémentaire entre les classes de 6ème et de 4ème au collège. Mais pour rassurer l'assemblée du SPD, la ministre met en cause "une mauvaise interprétation du projet de loi, qui ne nuit aucunement aux germanistes mais, au contraire, qui ouvre de meilleures perspectives". Quelques jours après avoir présenté la future "carte académique" et les nouveaux programmes d'enseignement linguistique, le déplacement de la ministre à Berlin apparaît comme un geste de sympathie envers les réfractaires de ce nouveau plan scolaire : "Je sais qu'outre-Rhin cette réforme a suscité beaucoup d'inquiétudes. Mais il y'a quelques jours, j'ai annoncé que 1 000 classes en école primaire et 700 au collège bénéficieront d'un enseignement de la langue allemande. Cela devrait multiplier le nombre de germanistes en France et je souhaite que cela continue." L'assemblée semble rassurée.
Pourtant, dans les faits, il n'y a rien de rassurant. À la veille de l'anniversaire du traité de l'Élysée, l'Association pour le Développement de l'Enseignement de l'Allemand en France a vivement critiqué la nouvelle réforme linguistique, via un communiqué. Selon l'ADEAF, le nombre de 6ème bilangues allemand-anglais devrait baisser de 53,3% sur l'ensemble du territoire français dès la rentrée 2016. Certaines classes devraient voir l'option "germanique" supprimée d'une année à l'autre. L'académie de Caen, la plus touchée par ces nouveaux programmes, ne conservera que 3 classes bilangues sur 60 actives cette année, alors que Paris pourra maintenir l'ensemble de ses filières bilangues. Face à un tel écart, l'ADEAF appelle le ministère de l'Éducation nationale à une meilleure égalité des chances...
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