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Le FN, contestataire de la politique européenne et allemande
jeudi 14 janvier 2016
"Le FN n'a jamais été aussi puissant" répète Alexandre Dézé, spécialiste du parti d'extrême droite français. Sa politique contestataire traverse à présent le Rhin et provoque le pouvoir exécutif allemand. À l'occasion de la table ronde "Marine Le Pen ou l'Anti-Merkel ?", organisée lundi 11 janvier au Centre Marc Bloch à Berlin, Alexandre Dézé et Albrecht Meier se sont prêtés à un comparatif des deux femmes politiques. La scène a lieu en plein hémicycle européen, en octobre dernier. Marine Le Pen se lève de sa chaise d'eurodéputée et s'embourbe dans une succession d'exclamations. Elle y fustige François Hollande et le qualifie de "vice-chancelier, administrateur de la province France" devant Angela Merkel, impassible. "Cette scène montre parfaitement la différence entre la chancelière allemande et la présidente du FN. Face à ces propos outranciers, Angela Merkel est restée de marbre" résume Alexandre Dézé, maître de conférence en science politique à l'Université de Montpellier. Il est venu participer à la table ronde "Marine Le Pen ou l'Anti-Merkel ?", lundi 11 janvier au Centre Marc Bloch de Berlin. Accompagné d'Albrecht Meier, journaliste au Tagesspiegel, les spécialistes se sont prêtés pendant plus de deux heures à un petit jeu de comparaison entre les deux femmes politiques. Une opposition totale Devant le Parlement Européen, la frontiste clôturait son discours en s'en prenant à la politique allemande : "Certains diront que je suis l'anti-Merkel, j'en accepte l'augure !". Sur ce point, les analyses d'Alexandre Dézé trouvent écho auprès d'Albrecht Meier : ces deux figures se révèlent être le jour et la nuit de la politique européenne. Les flux migratoires, la coalition européenne, le système économique et monétaire... Ce sont autant de sujets de contradiction pour Angela Merkel et Marine Le Pen : "Le Front national dispose d'un programme essentiellement axé sur la sortie de la zone euro et sur le repli national. L'absurdité de son programme économique n'est plus à prouver !" s'exclame Alexandre Dézé. S'il reconnaît que leur discours s'opposent, il refuse de tomber dans la caricature des deux personnalités : "Il est difficile de dire qu'Angela Merkel illustre l'ouverture sur le monde et que Marine Le Pen est l'emblème du repli national". Selon lui, la frontiste joue de son image médiatique pour "dédiaboliser" son discours et paraître plus proche de ses électeurs : "Elle est omniprésente à la télévision, elle se montre dans les journaux, elle aime rappeler que c'est une femme moderne, qui a divorcé à deux reprises... C'est cette image qui la différencie de son père." Plus en retenue, Angela Merkel et son parti du CDU s'abstiennent de commentaire sur l'évolution du FN. L'absence d'équivalent politique outre-Rhin suscite un certain intérêt des Allemands au paysage démocratique français. Mais la dynamique du parti extrémiste étonne plus qu'elle ne dérange. Un FN plus proche de l'AfD Cependant, si les Allemands voient la montée du FN d'un oeil extérieur, ils pourraient bientôt être confrontés à l'extrémisme du nouveau parti "Alternativ für Deutschland" (AfD). Sa constante croissance, depuis les récents événements de la Saint-Sylvestre à Cologne, ne serait pas passée inaperçue auprès de l'exécutif selon Albrecht Meier : "Angela Merkel veut expulser les réfugiés auteurs de délit. Cette loi ne sert pas à grand chose mais renvoie au discours de l'AfD". Le nouveau parti populiste allemand, créé en 2013, s'est rapproché de mouvements contestataires comme Pegida et du programme du Front National : "L'AfD a axé, dans un premier temps, son programme sur une alternative à la zone euro. Puis, il s'est aventuré sur la question des immigrés et a rejoint ainsi certaines idées de Marine Le Pen". Le jeu des comparaisons prend, en effet, forme lorsque les deux conférenciers analysent l'électorat de ces partis : "Le Front National a toujours profité d'évènements conjoncturels pour augmenter ses voix. Actuellement, les crises économique, sociale et politique ont rendu le FN plus influent qu'il ne l'a jamais été". L'AfD, à moins grande échelle, tire profit du sentiment d'insécurité en Allemagne, notamment après les incidents du 31 décembre dans plusieurs villes. Certaines manifestations récentes vont à l'encontre de la politique d'ouverture des frontières menée par Angela Merkel. Cette contestation publique pourrait bien jouer en faveur de l'AfD, à deux ans des prochaines élections fédérales.
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