Qwant, le moteur de recherche français au soutien allemand et européen


lundi 18 janvier 2016
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Lancé en 2013, Qwant est né des relations incestueuses entre Google et l'agence de surveillance numérique américaine (NSA). Le moteur de recherche franco-allemand se présente comme une alternative et bénéficie du soutien européen. S'il respecte la vie privée des internautes, il est toutefois encore loin de faire de l'ombre au géant américain.


"Je veux qu'on arrête de me mentir ! J'en ai marre d'entendre et de lire des âneries de la part de Google." Le ton monte dès que le sujet épineux de Google est abordé. Depuis 2010, Éric Léandri mène une bataille déséquilibrée face au géant américain. Excédé par le "data-tracking" (collecte des "cookies" pour obtenir des informations personnelles) opéré par Google, il lance Qwant, en 2013, avec Jean-Manuel Rozan. À la différence de Google, Qwant a pour principal objectif de respecter la vie privée de ses utilisateurs : aucune collecte d'informations ou de pistage lors de la navigation. Pour respecter ses engagements et maintenir son évolution, le moteur de recherche français s'est allié au fond Axel Springer Digital Venture. L'annexe financière du groupe de presse allemand a fait l'acquisition, en 2014, de 20% du capital de Qwant. "L'arrivée d'Axel Springer était nécessaire et nous a apporté une vraie valeur ajoutée", se targue Éric Léandri avant d'expliquer : "Le groupe nous a beaucoup aidé et nous a envoyé des ingénieurs allemands mais aussi des Américains, de la Sillicon Valley." Nouvelle interface, habillage moderne, lancement d'une variante "Lite" destinée aux faibles connexions... Qwant fait peau neuve. Le moteur de recherche devance même Google avec la sortie, en 2015 en France, de sa version "Junior" adaptée au jeune public. Le navigateur reçoit les encouragements d'Emmanuel Macron et investit plusieurs écoles de l'Hexagone : "J'ai des enfants et je ne veux pas qu'ils soient constamment surveillés quand ils naviguent", commente-t-il avant de poursuivre : "Ce sont aussi les utilisateurs de demain."

Une alternative en plein essor

Cependant, les différents engagements et innovations de Qwant sont encore loin de faire de l'ombre aux 90% de parts de marché détenues par l'Américain : "Soyons honnêtes, nous ne sommes pas des concurrents. Mais une alternative, oui !" relativise Éric Léandri. Il faut dire que le marché des moteurs de recherche est devenu un véritable essaim d'innovation ces dernières années. Tapie dans l'ombre, une kyrielle de navigateurs attend d'autres faux-pas de Google pour grappiller un peu plus d'audience : Bing, Yahoo, DuckDuckGo... Dans cette course, il semblerait que les chiffres parlent en faveur du dernier-né franco-allemand : "Nous avons observé une croissance de 600% sur l'ensemble de l'année dernière." Si cette hausse est à relativiser, puisque la première version est sortie en 2013, elle montre toutefois les nouvelles préoccupations des internautes : "Depuis les révélations des échanges entre Google et la NSA, nous sommes sur une évolution entre 5 et 10% par semaine."

"Quand nous ciblons l'Europe, nous visons le monde"

Si Qwant bénéficie des encouragements d'Emmanuel Macron, il dispose également du soutien plus concret de l'Union Européenne. Le travail d'Éric Léandri et de Jean-Manuel Rozan a reçu un joli coup de pouce de 25 millions d'euros débloqués par la Banque européenne d'investissement. La BEI dit avoir vu dans leur entreprise "un moteur de recherche européen à fort potentiel". Mais, pour Éric Léandri, il serait malavisé de se restreindre au marché européen : "Nous sommes davantage dans une approche globale. Quand nous lançons Qwant en France, nous touchons aussi plusieurs pays d'Afrique. Tout comme un lancement en Espagne atteint le continent sud-américain... Quand nous ciblons l'Europe, nous visons le monde." Sur le mois de décembre 2015, Qwant a enregistré pas moins de huit millions d'utilisateurs uniques. Si la statistique semble bien éloignée des milliards de requêtes quotidiennes sur Google, le moteur de recherche franco-allemand n'a pas fini de développer son éventail de pays utilisateurs.



Credit : modified photo from Flickr
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