Flip7, ”réussir ou bien se planter”

Bastien Allibert a fait d'un simple passe-temps sa start-up. Le jeune Français s'est lancé seul dans Flip7, une entreprise de production de flipbook. À partir d'une vidéo de moins de 15 secondes, il produit des petits livres illustrés qui deviennent interactifs d'un simple mouvement de doigts.

Les Start-ups : une série franco-allemandeLa fourmilière s'est étendue des deux côtés du Rhin. Elles sont désormais des milliers et ont envahi les grandes villes pour former des écosystèmes. Les start-ups en Allemagne et en France se sont multipliées en masse depuis une dizaine d'années. Berlin, Paris, Hambourg, Lyon, Munich... Toutes les grandes villes accueillent chaque année de jeunes entrepreneurs internationaux. Parmi eux, des expatriés. Ils sont Français ou Allemands et ont préféré monter leur entreprise chez leurs homologues étrangers. À travers une série d'articles, ils expliquent leurs projets, ce qui a motivé leur choix du "Fabriqué en Allemagne" et du "Hergestellt in Frankreich".

Une fine lumière traverse les ateliers en pied à terre de la Reichenberger Straße à Berlin. L'éclairage provient du fond du petit studio où Bastien Allibert a posé ses planches de bois sur des tréteaux. Dessus, une imprimante avoisine une découpeuse et un ordinateur désuet, avec le logo d'Apple en papier scotché sur sa devanture. De l'autre côté, une autre planche de bois regarde de haut le petit bureau de Bastien. C'est sur ce dernier que le jeune Français, pas encore atteint par la trentaine, passe le plus clair de son temps. Depuis septembre 2015, il tente de développer Flip7, sa petite entreprise de flipbook. Ces petits livres de dessins ou de photographies à feuilleter rapidement racontent une histoire en mouvement. Cette illusion optique, toujours populaire chez les plus jeunes, représente un véritable retour en enfance : "Il y a en ce moment un regain du format analogique qui a marqué notre jeunesse", explique Bastien avant de poursuivre : "Nous avons tendance à revenir vers des formats plus simples, imprimables. Et dans le même temps, les formats numériques courts sont en vogue avec les Vines (vidéos succinctes du réseau social homonyme), les gifs animés et les vidéos Instagram. Plusieurs astres étaient donc alignés".

Une start-up en solitaire
Devant de vieilles vidéos d'un voyage en famille en Grèce, Bastien Allibert observe la particularité des images analogiques et les allures des années 90 : baskets à scratch, sacs banane et pulls LC Waïkiki. Il tente d'en garder un souvenir particulier et créé ainsi son premier flipbook : "À l'époque, je ne pensai pas que ça deviendrait mon gagne-pain", confie-t-il d'un sourire en coin. Ce n'est qu'après quelques expériences dans des start-ups berlinoises, que le Français décide de commercialiser ces folioscopes. À partir d'une vidéo de moins de 15 secondes, il produit 80 pages de papier qui rendent le souvenir choisi plus interactif d'un simple mouvement de pouce. Ses premiers envois coïncident avec la période de Noël. Bastien réalise de très bons chiffres dès le lancement de Flip7 mais les mois qui suivirent la nouvelle année n'ont pas respecté ses attentes. Le lancement de la start-up s'est fait sur plusieurs mois et seules les économies de Bastien ainsi qu'une aide de l'État l'ont aidé à démarrer : "Dans certains cas, c'est une erreur de débutant de vouloir commencer une entreprise tout seul", raconte-t-il avant d'avouer qu'il est "parfois difficile de se motiver". Qui plus est, le jeune Français n'a pas bénéficié des financements d'un accélérateur à l'instar de beaucoup de start-ups berlinoises : "Ces incubateurs ont tendance à s'orienter vers le numérique. Ils n'ont pas envie d'investir sur du stock ou sur un produit matériel. C'est trop risqué pour eux." Caché derrière ses lunettes, Bastien Allibert se montre franc. Pour amortir les dépenses liées au lancement de son entreprise, il a développé la monétisation de son blog, Settle in Berlin, en un service de conseils destiné aux expatriés non-germanophones.

"Des chances que tout ne fonctionne pas"
À portée de main, sur la table en bois qui surplombe le bureau, trois cartons se regardent. Ils sont remplis de mots de remerciements en allemands, en anglais et en français. Dernière étape de la production, il joint une de ces cartes à chaque flipbook. Le procédé lui prend un certain temps et il avoue vouloir déléguer la production à une petite équipe une fois que sa start-up sera lancée : "Je préfère m'occuper de la gestion du projet". Pour y parvenir, le Français espère un partenariat avec de grands groupes de l'impression : "Il faut que j'évolue pour que ces entreprises s'intéressent à moi. Je ne suis qu'au premier stade et ce serait précipité de compter là-dessus dès maintenant." Bastien garde de nombreuses ambitions malgré une incertitude autour de l'avenir de Flip7 : "Il y a des chances que tout ne fonctionne pas", confie-t-il avant d'expliquer "Cela ne me dérange pas de perdre mais il faut que ce soit pour de bonnes raisons. Ce qui m'importe c'est de réussir ou de bien me planter."

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Bastien Allibert a fait d'un simple passe-temps sa start-up. Le jeune Français s'est lancé seul dans Flip7, une entreprise de production de flipbook. À partir d'une vidéo de moins de 15 secondes, il produit des petits livres illustrés qui deviennent interactifs d'un simple mouvement de doigts.

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