Le chassé-croisé des start-ups
Des deux côtés du Rhin, les start-ups poussent comme des champignons. Chacun à sa manière, l'Allemagne et la France tentent de séduire les jeunes entrepreneurs...
Vescape : L'échappée virtuelle
mercredi 02 mars 2016
"Combiner le sport et le divertissement" constitue l'objectif principal de Jérôme et Jean-Baptiste depuis 2011. Les deux Français, basés à Berlin, ont créé Vescape : une application numérique pour rendre attractif l'entraînement sur les vélos de fitness.Les Start-ups : une série franco-allemandeLa fourmilière s'est étendue des deux côtés du Rhin. Elles sont désormais des milliers et ont envahi les grandes villes pour former des écosystèmes. Les start-ups en Allemagne et en France se sont multipliées en masse depuis une dizaine d'années. Berlin, Paris, Hambourg, Lyon, Munich... Toutes les grandes villes accueillent chaque année de jeunes entrepreneurs internationaux. Parmi eux, des expatriés. Ils sont Français ou Allemands et ont préféré monter leur entreprise chez leurs homologues étrangers. À travers une série d'articles, ils expliquent leurs projets, ce qui a motivé leur choix du "Fabriqué en Allemagne" ou du "Hergestellt in Frankreich". Jean-Baptiste s'ennuie sur son vélo de fitness. Seul face à son guidon, il ne trouve aucun divertissement pour alléger son effort. Dans une salle de gym de Londres, il tient l'idée de sa première entreprise. Fraîchement diplômé de la London School of Economics, le jeune trentenaire veut rendre l'entraînement plus interactif à travers une application destinée aux tablettes numériques. Jeux vidéo, interface plus moderne, statistiques détaillées de l'effort... Jean-Baptiste ne manque pas d'idée mais de soutien. Il contacte rapidement Jérôme, un ami d'enfance, qui termine ses études d'économie à l'université Humboldt de Berlin. "Nous voulions depuis longtemps créer notre propre entreprise et je n'ai pas mis longtemps à être intéressé par le projet", se souvient Jérôme qui invite son ami à traverser la Manche et le Rhin. La situation entrepreneuriale est florissante dans la capitale allemande. "Début 2011, la hype de la start-up à Berlin n'en était qu'à ses débuts", explique Jérôme avant de continuer "mais toutes les conditions étaient déjà favorables à la création d'une entreprise". Comme beaucoup d'autres, les deux amis goûtent aux loyers à bas prix, au coût de la vie dérisoire, aux programmes d'aide à l'innovation et à un important écosystème qui n'en est qu'à ses premiers jours. C'est dans cet environnement que les deux acolytes s'entourent d'une petite équipe de programmeurs. Près de deux ans plus tard, l'application Vescape (medley de "virtuel" et "escape", à savoir "échapper" en anglais) voit le jour. "Rester actif physiquement et mentalement" Dans un labyrinthe, un lapin tente d'échapper à un hérisson lancé à sa poursuite. Au fil des niveaux, les parcours et les difficultés évoluent. Greedy Rabbit est le premier jeu réalisé par Vescape en 2015. Disponible sur la plate-forme Androïd et bientôt sur iOS, ce Pac-Man d'un nouveau genre n'est qu'une partie de l'application. Cette dernière propose également des entraînements personnalisables, une interface plus évoluée et esthétique qu'un tableau de bord intégré : "Nous voulions vraiment créer une application qui mêle l'effort au divertissement mais avec un programme de fitness complet et varié", commente Jérôme. Si le divertissement était le principal objectif de Vescape, la petite équipe entrevoit de nouvelles possibilités au fil de son travail. Lors d'un voyage aux Pays-Bas, Jean-Baptiste et Jérôme rencontrent un médecin hollandais, spécialisé dans la recherche sur la maladie de Parkinson. Ils apprennent qu'un effort physique peut freiner l'évolution de la maladie. Cette découverte pousse la start-up à s'intéresser aux bénéfices que leur application peut apporter sur la santé. Vescape multiplie ses recherches, ses projets et ses partenariats avec des institutions médicales françaises et allemandes. Une activité sportive pourrait soulager les symptômes des maladies de Parkinson et d'Alzheimer comme elle peut lutter contre l'obésité. "Greedy Rabbit", le "lapin gourmand" en français trouve son utilité dans la motivation des patients. "Dur de se faire connaître" Vescape s'est révélé lors d'un concours d'innovation. L'équipe, le produit et son degré d'innovation ont été remarqués par la bourse allemande Exist, en 2011 : "Sans cette aide, il aurait été impossible de débuter la phase d'amorçage pour développer un premier prototype." L'application s'est développée au fil de ces cinq dernières années et jouit désormais d'une petite notoriété dans le milieu des vélos d'appartement et auprès de certaines institutions médicales. Malgré cette reconnaissance, Jérôme ne cache pas qu'il est difficile de s'imposer dans la ruche des plates-formes mobiles : "C'est très dur de se faire connaître sur le marché des applications. J'ai vu pas mal d'entreprises autour de nous faire faillite" raconte Jérôme. Mais pour le moment, Vescape est étranger à cette situation. L'application tire ses profits de sa situation spécifique : "Il y a peu d'acteurs dans le monde du vélo d'appartement". Un avantage qui les pousse à continuer de développer leur application dans la jungle des start-ups berlinoises : "En plus des programmes de bourse et d'innovation, il existe, à Berlin, de nombreux événements pour les entreprises. C'est important pour faire évoluer son réseau". La petite équipe compte accompagner l'évolution de Vescape et vient de sortir un deuxième jeu : Monkey Odyssey, un jeu de conquête spatiale.
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