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L'ex-RDA grignote son retard


jeudi 19 février 2015
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Le 3 octobre dernier, la chancelière Angela Merkel s'est félicitée des "énormes progrès réalisés à l'Est du pays" un quart de siècle après la Réunification, estimant qu'il n'y avait "plus de démarcation claire entre les deux anciennes Allemagne". Mais malgré les résultats économiques encourageants, le chemin est encore long dans ces régions où le chômage et l'évolution démographique n'en finissent pas d'inquiéter.



 
"Championne du monde du miracle économique", un titre mérité pour l'ex-République démocratique allemande (RDA) selon le KfW (Kreditanstalt für Wiederaufbau), l'établissement de crédit allemand pour la reconstruction. Dans sa dernière étude, l'institution d'aide au développement ose la comparaison avec la période florissante qu'a connue l'Allemagne de l'Ouest à partir des années 1950. Ces dernières années, la production de richesse par habitant dans les Länder de l'Est a grimpé presque aussi vite que dans la RFA du miracle économique. "Les différences en termes d'industrialisation, de revenus ou de productivité se sont réduites. Des relations normales avec l'Ouest de l'Allemagne, sur un pied d'égalité, sont désormais possibles", estime Martin Müller, l'un des auteurs de l'étude. Pour tous les experts, le constat est le même : la Réunification de l'Allemagne n'est pas seulement un acte politique majeur, c'est aussi un succès économique. Un optimisme que partage l'Institut allemand pour la recherche économique, le DIW (Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung) de Berlin. Dans son dernier rapport, il souligne la rapide réindustrialisation de l'Est après 40 ans d'économie planifiée. De quoi placer l'ex-Allemagne de l'Est dans la moyenne de l'Union européenne, devant la France ou la Grande-Bretagne. "Des investissements massifs ont permis ce rattrapage, notamment avec la modernisation des infrastructures", ajoute M. Müller. Depuis 1991, 1 600 milliards d'euros ont permis à l'Est de l'Allemagne de créer des entreprises, et aux communes de s'équiper en transports et en logements. L'ex-RDA s'en sort économiquement mieux que les autres pays de l'ex-URSS, que ce soit la République Tchèque ou la Pologne.

Gros point noir : le chômage

Mais ce développement "sous perfusion permanente de l'Ouest" inquiète Iris Gleicke. Dans son rapport annuel, la déléguée gouvernementale pour les nouveaux Länder rappelle que les performances économiques des régions de l'Est sont encore inférieures à celles du reste du pays. Productivité, PIB, revenu moyen, des domaines où l'Est de l'Allemagne progresse plus vite mais reste à la traîne. Gros point noir tenace : le chômage. Avec un taux de 9,1 %, l'ex-RDA considère avec jalousie les 5,8 % des "anciens Bundesländer". La rareté des grandes entreprises sur ces territoires explique en partie ce résultat. Seuls 10 % des sociétés de 500 employés et plus y ont élu domicile. D'autres experts préfèrent toutefois mettre en avant qu'il s'agit de l'écart le plus faible entre les deux taux de chômage jamais mesuré depuis la Réunification.
   
Dans certains domaines, l'Est de l'Allemagne peut en revanche se vanter d'avoir une longueur d'avance. Casse-tête permanent dans la plupart des régions de l'ancienne RFA, la question des garderies tourmente moins les mères de famille à l'Est. Comme elles le faisaient déjà avant la chute du Mur, la moitié d'entre elles n'hésitent pas à mettre leur enfant de moins de 3 ans à la crèche, contre un quart des mamans à l'Ouest. Comme leur mari, elles occupent davantage des postes à temps plein. Une participation active à l'économie indispensable alors que le défi démographique inquiète tous les observateurs.  Depuis la Réunification, les régions de l'Est ont perdu 13,5 % de leur population. La faute à un exode massif vers l'Ouest, mais aussi et surtout à un faible taux de natalité. "Certaines années, on était seulement à 0,4 enfant par femme, les couples étaient dans l'incertitude. Francfort-sur-l'Oder a perdu un tiers de sa population, le maire a dû raser des logements, aménager et gérer sa ville avec moins d'impôts", analyse Gerald Praschl, reporter pour l'hebdomadaire SUPERillu, un magazine illustré distribué dans les nouveaux Bundesländer. La question de l'immigration est donc primordiale selon Jürgen Schupp, directeur du SOEP (Sozio-oekonomisches Panel), l'institut socio-économique chargé des enquêtes d'opinion du DIW : "L'un des grands enjeux sera d'encourager les migrants à venir s'installer en Allemagne de l'Est. Une part très faible d'entre eux s'installe aujourd'hui dans ces régions".

Les Länder de l'Est semblent pourtant bénéficier d'un nouveau souffle. L'année dernière, davantage d'Allemands de l'Ouest sont venus s'installer à l'Est que l'inverse. Une première qui doit beaucoup à l'amélioration des conditions de vie - et à l'attractivité de Berlin. "Le paysage universitaire de l'Est concurrence désormais l'Ouest. À qualité de formation égale, les étudiants choisissent des régions où les loyers sont plus faibles", explique M. Schupp. Le niveau de satisfaction de ses habitants n'a jamais été aussi haut depuis la Réunification, perçue comme positive par 75 % d'entre eux. Dans une étude intitulée "La vie à l'est", réalisée pour le magazine SUPERillu et 13 quotidiens locaux, l'agence Allensbach a interrogé 1 573 habitants d'ex-Allemagne de l'Est. "La moitié se voit comme les grands gagnants de la Réunification, du jamais vu ! Ils apprécient la liberté de voyager, de s'exprimer, même s'ils sont moins sûrs de trouver un emploi qu'avant", analyse M. Praschl.

À son rythme, l'Est de l'Allemagne rattrape son retard, jusqu'à concurrencer certaines régions de l'Ouest. Lors des prochaines négociations du pacte de solidarité en 2019, Iris Gleicke appellera de nouveau les responsables politiques des différentes régions "à soutenir le développement économique, social et culturel des régions qui en ont besoin, à l'est comme à l'ouest". La Hesse et la Bavière n'avaient pas caché l'an dernier leur lassitude à payer pour les "Länder pauvres". Elles réclameront des garanties. Les derniers progrès des régions de l'Est seront assurément mis en avant par la déléguée gouvernementale : "Notre rapport confirme une chose : nous n'avons pas le droit de cesser nos efforts."
 
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