Jeu vidéo : mettre à profit les divergences
Dans la vaste industrie que représentent les médias, grand nombre de projets institutionnels et culturels franco-allemands ont su s'établir et rencontrer un succès certain. Cependant dans le secteur du jeu vidéo, en pleine croissance depuis quelques décennies, le vaste champ des opportunités de coopération a à peine été effleuré.
À l'ère où le numérique est omniprésent dans notre quotidien,
l'industrie du jeu vidéo est un secteur qui a de beaux jours devant lui. En
témoignent les chiffes de l'année 2014, selon lesquels le marché du jeu vidéo
aurait généré près de 2,9 milliards d'euros et 15 000
emplois directs ou indirects en France, ainsi qu'environ 1,8 milliards d'euros
et 10 350 emplois en Allemagne. Mais
les deux pays conçoivent le jeu vidéo de façon bien distincte, ce qui explique
les différences que l'on peut pointer du doigt dans le fonctionnement du
secteur d'un côté ou de l'autre du Rhin. Comment est-il donc possible d'aborder
ces disparités et de mettre à profit leurs complémentarités dans l'idée d'un
partenariat ? C'est dans cette optique que s'est tenue le 22 avril dernier à l'ambassade de France à Berlin la première journée franco-allemande dédiée à l'industrie du jeu vidéo, la
"French German Game Initiative", événement qui a permis de
réunir de nombreux acteurs du jeu vidéo autour de conférences et de
discussions.
Un secteur, deux
approches singulièresEn France, le jeu vidéo est perçu traditionnellement comme un
milieu artistique et créatif. C'est pourquoi, selon Cédric Bache, membre du
comité de direction de Capital Games (fondation gouvernementale francilienne
qui fédère les acteurs du jeu vidéo), les entreprises françaises de jeu vidéo
peuvent percevoir des aides financières d'institutions gouvernementales, telles
que le Centre National de Cinématographie ou le Fonds d'Aide aux Jeux Vidéos.
Les investisseurs d'ordre public ont ainsi particulièrement à coeur de
promouvoir les projets relatifs à la culture et à l'innovation des techniques
graphiques. Les écoles supérieures du pays proposant des formations aux métiers
du jeu vidéo, comme les Gobelins à Paris, sont établies depuis longtemps, mais restent
toutefois relativement traditionnelles dans leur façon d'envisager le secteur, suivant
les remarques de Linda Breitlauch, membre du comité
de conseil de la fédération allemande GAME. Il est par ailleurs frappant de
constater que l'industrie française du jeu vidéo se concentre essentiellement à
Paris, devenu véritable cluster européen, comme en témoigne Julien Villedieu,
délégué général du Syndicat National du Jeu Vidéo. A contrario, cette dernière
est largement décentralisée en Allemagne. L'industrie du jeu vidéo y est
considérée comme un enjeu d'ordre technique et technologique, et par conséquent
les financements des entreprises allemandes se font essentiellement via des structures
privées régionales, qui investiront dans les sociétés en elles-mêmes plutôt que
dans des projets particuliers comme le souligne Mischa Wetzel, gestionnaire de
fonds à l'IBB (Investitionsbank Berlin). Les universités allemandes proposent
également depuis une quinzaine d'année des cursus universitaires relatifs aux
métiers du jeu vidéo qui, du fait de leur apparition tardive, ont tendance à
être plus variés et à s'adapter aux évolutions constantes du secteur.
Un chantier de
coopération où tout peut être envisagéL'objectif de cette première rencontre franco-allemande
autour du jeu vidéo a été d'identifier les chantiers propices à un partenariat
franco-allemand et de débattre sur des idées et projets à mettre en place. Les
intervenants se sont accordés sur l'importance d'organiser régulièrement des événements
binationaux afin de favoriser les rencontres entre les entreprises et startups
d'une part, et la prise de contacts avec les institutions financières et
gouvernementales d'autre part. La "French-German Game Initiative" inédite en
son genre, agit en ce sens puisqu'elle a vocation à devenir un événement annuel
agissant comme une plateforme d'échanges et de coopération entre les deux pays.
Une harmonisation progressive de la gestion française et allemande des
industries relatives aux médias est également essentielle si l'on veut faciliter
et approfondir les projets de coopération, d'après les dires d'Axelle Lemaire,
Secrétaire d'État chargée du numérique. La question des financements reste toutefois délicate du fait
des différentes approches entre la France et l'Allemagne, mais les fondations
régionales allemandes se disent prêtes à investir dans des sociétés outre-Rhin,
et les institutions nationales françaises dans les projets bilatéraux. Enfin,
les établissements d'études supérieures français et allemands envisagent de
mettre en place des programmes d'échanges pour étudiants et professeurs, programmes
qui seraient soutenus par l'Office Franco-Allemand pour la Jeunesse et
permettraient d'ouvrir les discussions et de renforcer les partenariats universitaires.
Dans l'industrie florissante qu'est le jeu vidéo, il reste donc de nombreux chantiers
propices à la coopération à explorer, et des divergences qui peuvent s'avérer
complémentaires à exploiter et à harmoniser.
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