Déborah Berlioz

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Pendant ses études à l'IEP de Lille, Déborah Berlioz a eu la chance d'effectuer une année Erasmus en Allemagne, à Fribourg. À partir de là, son choix était fait : elle voulait faire du journalisme franco...

Retour au charbon ?


mercredi 11 février 2015
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On entend souvent dire en France que la transition énergétique allemande se paye par un retour en force du charbon. Mais l'abandon du nucléaire est-il vraiment coupable ?




Par Déborah Berlioz


"Quand l'Allemagne retourne au charbon", "L'Allemagne coincée dans la soute à charbon"... Autant de titres que l'on retrouve fréquemment dans la presse française. On y souligne que pour pallier à la fermeture immédiate de huit réacteurs nucléaires en 2011, l'Allemagne a dû accroître la production de ses 130 centrales à charbon. Il est vrai que la transition énergétique qui prévoit la sortie du nucléaire d'ici 2022, ne dit rien d'un abandon du charbon. Sa part dans la production électrique est donc restée relativement stable depuis les années 2000. Elle a un peu diminué, en passant de 49 % en 2003 à 44 % en 2012. Toutefois, la courbe est repartie vers le haut en 2013, le charbon repassant à 45,5 %. Pour Daniela Setton, de l'association environnementale BUND, l'abandon du nucléaire n'est pas coupable de cette évolution : "Les énergies renouvelables ont largement compensé la baisse de l'atome." Alors que la part de l'énergie atomique est passée de 27% en 2003 à 15% en 2013, celle des énergies propres a fait un bon de 8% à 25% sur le même laps de temps.
Pourquoi donc cette hausse du charbon? Parce qu'il grignote les parts de marché du gaz. "La raison est purement économique, explique Daniela Setton. Ces dernières années, le prix du charbon a baissé alors que celui du gaz a augmenté. De plus, le prix de la tonne de CO2 sur le marché du carbone européen est en chute libre. Les centrales à charbon sont donc plus rentables que celles à gaz." Si le gaz fournissait 12,1 % de l'électricité allemande en 2012, cette part est passée à 10,5 en 2013. De plus, "il ne faut pas oublier que l'Allemagne est toujours exportatrice nette d'électricité. Elle a vendu 21 térawattheure à l'étranger sur les neuf premiers mois de 2014. C'est énorme comparé à la France qui n'en a exporté que 12", rappelle Lutz Mez, professeur au centre de recherches sur la politique environnementale de Berlin. Et cela va contre l'idée souvent répandue en France que la sortie du nucléaire a mis en péril l'approvisionne- ment énergétique allemand.

Les émissions de CO2 crèvent le plafond
En même temps, la tendance à la hausse du charbon semble s'atténuer. "Sa part dans la production électrique n'était que de 42% (estimation) sur les trois premiers trimestres de 2014", souligne le professeur. Mais cela reste élevé. Résultat : l'Allemagne risque d'échouer à baisser ses émissions de CO2 de 40% d'ici 2020, par rapport à 1990. Elle a rejeté 951 millions de tonnes de gaz à effet de serre en 2013, contre 940 en 2012.Le 3 décembre dernier, le gouvernement a annoncé la mise en place d'un plan d'action pour le climat, visant à réduire ces émissions polluantes. L'effort principal portera sur des mesures d'efficacité énergétique. Mais les centrales à charbon seront aussi mises à contribution et devront réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 22 millions de tonnes d'ici 2020. "Cela ne diminuera pas forcément la part du charbon dans le mix énergétique", explique Lutz Mez. "Cela signifie simplement que les nouvelles centrales plus efficientes devront davantage fonctionner que les vieilles." Et on construit toujours des centrales à charbon en Allemagne.Ce plan est jugé insuffisant par les écologistes et les associations environnementales. Hubert Weiger, le président de la BUND l'a qualifié de "fromage suisse plein de trous et de vides". Selon lui, l'objectif de 22 millions de tonnes aurait dû être multiplié par trois. "Cet effort aurait été rendu possible grâce à une loi préparant la sortie du charbon. Cela n'a pas été fait, c'est décevant", a-t-il déclaré.
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Commentaire par Fichte
vendredi 13 février 2015 15:04
Une erreur à rectifier dans l'article. Pour l'année 2014 au complet, le solde exportateur de l'Allemagne a été de 34 TWh (source AGEB) et le solde exportateur de la France 67 TWh (source RTE). Sinon, un très bon complément d'information se trouve ici : energeia.voila.net/electri2/allemagne_nucle_charbon.htm Avec des statistiques détaillées pour les années 2000 à 2014. Entre 2000 et 2014, la part du nucléaire dans la production d'électricité est passée de 29,4% à 15,9%, celle du charbon et lignite de 50,5% à 43,6% et celle des énergies renouvelables de 6,6% à 25,8%. D'une date à l'autre, la production totale a augmenté de 6% et la consommation est pratiquement identique. En effet, l'augmentation du charbon et lignite en 2012 et 2013 n'a fait que compenser la baisse du gaz et pétrole. C'est encore plus net en Grande-Bretagne, où la production d'électricité à base de charbon a bondi de 108 TWh à 143 TWh (+32%) entre 2011 et 2012. L'utilisation du gaz baissant de 146 TWh à 100 TWh.
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