Les artistes de la résidence "George Sand-Frédéric Chopin" ont présenté leur travail
La fondation Genshagen a présenté, le 11 août dernier, les travaux de trois artistes en résidence dans le cadre de son programme "George Sand-Frédéric Chopin". Des travaux placés sous le signe de l'humour et de l'absurde.
Florian Colautti présente son instrument le E-string (à droite) au public ©Fondation Genshagen
La
fondation Genshagen qui oeuvre pour le dialogue entre la France, l'Allemagne et
la Pologne a créé en 2010 un programme de résidence artistique George Sand-Frédéric Chopin. Il permet à
des artistes venus des trois pays et de tous domaines (littérature, musique,
arts plastiques, arts médias), l'opportunité de séjourner huit semaines au
château de Genshagen, un havre de paix propice à la création à quelques
kilomètres de Berlin.
A la
suite de l'appel à candidature de décembre dernier, le français Florent
Colautti (compositeur et musicien), la polonaise Kasia Guzowska (vidéaste) et
l'allemand Benjamin Althammer (artiste plasticien et photographe) ont été choisis
par un jury international et après huit
semaines de travail avec le château, son
immense jardin et ses dépendances comme terrain de jeu, ils ont présenté leurs
oeuvres au public.
Le
travail de la vidéaste polonaise Kasia Guzowska est un court métrage de 18
minutes filmé très simplement dans les bureaux de la fondation. C'est une
interview décalée d'une des secrétaires que l'artiste polonaise a suivi pendant
ses journées de travail. Kasia Guzowska se pose comme observatrice du monde
administratif. Telle une enfant dans le bureau de sa maman, elle filme en détails chaque action de la
secrétaire en la questionnant sur son travail, ses motivations, sa relation avec
le personnel de la fondation. Le décalage et le rendu humoristique viennent d'un parti pris
enfantin, de positions inhabituelles pour une interview adoptée par l'artiste, comme
lorsqu'elle se recroqueville sous le bureau de la secrétaire. Car après tout,
les enfants ne sont-ils pas les interviewers les plus coriaces ?
Le
musicien et compositeur français Florent Colautti a présenté, lui, son oeuvre
linguistique : l'enregistrement des trois résidents lisant, dans leur
langue maternelle mais comme s'ils étaient étrangers, une des correspondances de
Frédéric Chopin et George Sand. Encore une fois le décalage entre le caractère
solennel de leur relation et une lecture assez absurde des textes a fait rire
l'audience. La deuxième expérience de Florent Colautti se concentrait sur la
musique et le son. Dans l'ancienne distillerie du château qui dispose d'une excellente
acoustique, le public, yeux bandés, a eu
le droit à un concert de e-String. L'instrument a été inventé par le musicien
et son frère. Il mêle instrument à cordes et sonorités électroniques. La
performance a fait forte impression puisque le public ne pouvait clairement
identifier la provenance du son ni l'instrument utilisé. Le son produit, au
premier abord plutôt industriel, est devenu au bout de quelques minutes apaisant comme
une vraie berceuse.
Dans
un autre registre, l'artiste allemand Benjamin Althammer, s'est filmé en orateur
derrière un pupitre faisant un discours uniquement en se raclant la gorge,
performance qui apparaît comme une critique de la classe politique,
c'est-à-dire beaucoup de bruit pour ne pas dire grand chose. Piquante et absurde
à souhait, sa vidéo en phase avec les travaux de ses deux collègues, confirme
que cette troisième édition du programme artistique George Sand- Frédéric Chopin , échange entre les cultures
françaises, allemandes et polonaises, était résolument placée sous le signe de l'absurde.