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Electric Morgen : "L'allemand, un instrument de plus"
vendredi 18 septembre 2015
Bertrand Boulbar et Sebastian Jung, alors étudiant à Berlin, se sont rencontrés il y a dix ans au cours d'une soirée à Kreuzberg, de cette rencontre est né en 2014 le duo Electric Morgen. À l'occasion de la sortie de leur premier album le 20 octobre prochain, ParisBerlin s'est entretenu avec le duo franco-allemand.Sebastian Jung (à gauche) et Bertrand Boulbar (à droite) ©Electric Morgen Votre projet est né une dizaine d'années après votre rencontre à Berlin, pourquoi cela ? Pourquoi l'appeler Electric Morgen ? Bertrand Boulbar : Une vraie amitié est née de cette rencontre à Berlin. Par la suite, on est resté en contact et on s'est revu même si on avait chacun nos projets. L'envie de créer ensemble est venue à l'occasion d'une soirée en juillet 2014. On a fait des tests en français, en anglais et en allemand sur mes sonorités et après plusieurs essais on a opté pour l'allemand. Sebastian Jung : Le nom Electric Morgen, on l'a choisi très rapidement parce que nos morceaux évoquent la nuit sur des sons électro et on s'est dit que Morgen était une bonne réponse à la nuit. Pourquoi le choix de l'allemand, alors que vous semblez viser le public français ? Bertrand : Comme je ne parle pas allemand, c'est avant tout la sonorité de la langue qui m'intéressait. Selon moi, le côté Français qui ne parle pas la langue, c'est un avantage parce qu'on peut utiliser l'allemand comme un instrument de plus. D'ailleurs en écoutant nos morceaux, nos potes français ont beaucoup appréciés le son produit par la langue. Sebastian : Pour moi c'est différent je suis Franco-allemand, je suis né avec les deux langues. Aujourd'hui je vis en France et c'était un vrai plaisir de pouvoir réécrire en allemand, ça faisait un moment que je ne l'avais plus fait. J'ajouterai aussi que, dans la musique allemande actuelle, le langage est généralement plus moderne et plus jeune que dans la chanson française où la langue est un peu littéraire, comme chez Bashung ou Dominique A. Ce qui m'intéressait, c'était de pouvoir transposer ça à l'allemand. Est-ce que le fait d'être un binôme franco-allemand change votre façon de travailler ? On entend sans cesse ce cliché de la rigueur allemande et du laxisme français, est-ce que vous l'avez ressenti ? Sebastian : Je dirais que Bertrand est le plus allemand des Français voire plus Allemand que Français ! Bertrand : Comme nous n'avons que peu de temps dans la semaine pour travailler ensemble, il nous faut de la rigueur. C'est ce que j'apprécie entre autres chez lui. Je ne sais pas si c'est son influence allemande qui veut ça. Dans votre communiqué de presse, je lis que chanter en allemand est une prise de risque dans l'industrie musicale en France, pourquoi? Bertrand : Les groupes français ne chantent pas en allemand parce que ça ne leur viendrait pas à l'esprit et parce qu'ils ne maitrisent pas la langue. L'allemand a toujours une image gutturale. Aujourd'hui, tout groupe qui veut signer chez un label (et c'est l'objectif pour beaucoup d'entre eux) ne va surtout pas vers l'allemand. Que ce soit les labels, les radios ou la presse spécialisée, ils sont frileux quand on présente des textes en allemand. D'autant plus que l'industrie de la musique en France est très sclérosée, ce qui ferme automatiquement la porte aux artistes qui chantent en allemand. Par ailleurs il serait intéressant de savoir pourquoi les majors de l'industrie musicale allemande ne font pas plus pour exporter les sons qui marchent en Allemagne. Sebastian : Selon moi, il y a d'abord une raison historique : l'allemand était considéré jusque dans les années 1990 comme une langue d'élite notamment par les enseignants, maintenant je pense que ça a changé et qu'il y a de nouvelles méthodes. Mais l'anglais prend le dessus, c'est pourquoi le français est de moins en moins parlé en Allemagne. Ensuite, on peut difficilement parler de rejet de l'allemand en France parce qu'il y a un vrai amour du pays et de la langue pour ceux qui ont étudiés l'allemand et qui y ont vécus. Malheureusement, ils sont peu nombreux et on reste souvent bloqué sur l'idée de devoir parler cette langue parfaitement alors que ça n'est pas le cas pour l'anglais. Enfin, la France investit beaucoup pour exporter sa culture, alors qu'à mon avis ce n'est pas une priorité pour Allemagne. Vous citez les Black Keys, Depeche mode, New Order ou encore Cassius comme sources d'inspirations, ne devrait-on pas vous appelez Eklektisch Morgen ? Quels artistes allemands vous ont influencé ? Kraftwerk par exemple ? Bertrand : C'est pas mal ça ! Comme on n'est pas tout jeune non plus, nos influences musicales sont variées allant de la pop anglaise, en passant par la chanson française jusqu'à l'électro. Du coup on puise un peu partout et dans des genres variés, j'aime beaucoup Nick Cave aussi. Sebastian : Alors que moi je viens du punk allemand à la base. Mais oui, Kraftwerk a été une grande influence parce qu'il y a eu un avant et un après Kraftwerk. Mais c'est plus dans l'écriture que dans la musique que l'allemand m'inspire, je pense à Grönemeyer dont j'aime beaucoup la manière d'écrire ou à Marius Müller-Westernhagen, j'ajouterai que le rap est aussi une source d'inspiration parce qu'il y a vraiment de bons textes. En marge de la sortie de l'album le 20 octobre prochain, vous avez publié des teasers très drôles mettant en scène les clichés franco-allemands sur votre chaîne Youtube, comment ça vous est venu ? Bertrand : La relation franco-allemande est tout simplement pleine de clichés, en France on entend souvent parler de l'exemple allemand donc c'est pour ça que dans nos teasers on s'est amusé à jouer de ces clichés. D'ailleurs pour beaucoup en France, l'allemand se limite encore au vocabulaire de la Grande Vadrouille. Le premier album d'Electric Morgen sortira le 20 octobre 2015 en France. Vous pouvez dès maintenant écouter ou réécouter le single "Endstation" de l'album ici. Biographies : Bertrand Boulbar est parolier, compositeur, guitariste et chanteur, né à Rouen en 1977 et considéré comme une figure emblématique de la nouvelle chanson française. C'est la sortie de son album autoproduit Boulbar en 2005, proposé en téléchargement gratuit, qui le fait progressivement connaître auprès du grand public. Son style est intimiste et minimaliste. Ses chansons racontent des épisodes de la vie quotidienne teintés de poésie. Sebastian Jung est un Européen : né à Trèves dans une famille franco-allemande et ayant vécu au Luxembourg. Il a effectué des études d'histoire à Paris et à Berlin, ce qui l'a amené à devenir professeur d'histoire-géographie en allemand en région parisienne. C'est lui qui chante et écrit en allemand sur l'album.
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