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Pendant ses études à l'IEP de Lille, Déborah Berlioz a eu la chance d'effectuer une année Erasmus en Allemagne, à Fribourg. À partir de là, son choix était fait : elle voulait faire du journalisme franco...

L'Allemagne, un bouquet énergétique plein de paradoxes


lundi 11 juillet 2016
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À l'occasion de l'ouverture du chapitre "énergie" dans les négociations du TTIP, la presse allemande s'est inquiétée des conséquences que pourrait avoir l'accord de libre-échange entre les deux continents sur la transition énergétique allemande. L'occasion de rappeler que l'Allemagne est la championne des énergies vertes... Mais aussi du charbon. Une contradiction qui est loin d'être la seule à marquer le tournant énergétique allemand.


Un champ d'éoliennes dans la Hesse. © Marius Brede

Le gouvernement allemand l'a souvent répété : sortir du charbon et du nucléaire en même temps est impossible car l'éolien et le solaire ne peuvent produire de l'électricité de manière constante. Les centrales à charbon doivent donc être conservées afin d'assurer la sécurité de l'approvisionnement électrique. Si la part des énergies renouvelables en Allemagne est passée de 8 % en 2003 à 26 % en 2014, celle du charbon culmine toujours à 43 %. Pourtant, selon une étude réalisée par le professeur Uwe Leprich, de l'Institut pour les systèmes énergétiques du
futur de Sarrebruck, l'Allemagne pourrait dire adieu eu charbon dès 2040. "Il
faudra surtout développer des centrales à cogénérations, alimentées au gaz naturel
ou au biogaz, afin d'assurer le relais des énergies renouvelables", explique le
professeur. Une sortie du charbon paraît d'autant plus nécessaire que le gouvernement allemand s'est fixé pour objectif de diminuer ses émissions de CO2 de 40 % en 2020 par rapport à leur niveau de 1990.

Actuellement, cette réduction n'est que de 27 % et l'Allemagne risque fortement de rater son pari. En décembre 2014, le gouvernement a donc décidé que les producteurs d'énergie fossile devraient réduire leurs émissions de CO2 de 22 millions de tonnes d'ici 2020. Reste à savoir comment. Initialement, le ministre de l'économie et de la transition énergétique, Sigmar Gabriel, avait proposé une taxe climatique. Elle aurait amené les compagnies électriques à débrancher une partie de leurs centrales, notamment celles qui fonctionnent au lignite. Ce charbon, extrait en Allemagne, est en effet extrêmement polluant. Mais les industriels et les syndicats du secteur se sont insurgés, en menaçant de supprimer 100. 000 emplois. Le gouvernement a donc reculé et décidé la fermeture en 2017 de centrales à lignite d'une puissance totale de 2,7 gigawatts, soit environ cinq centrales, qui seront tout de même maintenues pendant 4 ans comme "capacités de réserve".

Des grands travaux très discutés


Uwe Leprich est très déçu par ce compromis. Les centrales à lignite représentent
en effet une puissance totale de 21 gigawatts. "Finalement, on ne va fermer que les plus
anciennes, qui auraient de toute façon dû s'arrêter dans les années à venir", ajoute le professeur. Même critique chez Niklas Schinerl, expert en énergie chez Greenpeace : "L'Allemagne est exportatrice nette d'électricité. Dès aujourd'hui, nous pourrions débrancher des centrales d'une capacité totale de 15 gigawatts sans mettre en danger l'approvisionnement électrique." La sortie du charbon n'est pas le seul
débat autour de la transition énergétique. Deux modèles s'affrontent pour le développement des énergies renouvelables : grosse production électrique
concentrée au Nord, avec de l'éolien offshore, contre un modèle décentralisé. "Jusqu'à maintenant le développement des énergies renouvelables a surtout été le fait d'initiatives locales, de particuliers ou de coopératives, précise Niklas Schinerl. C'est efficace, car on produit au plus près des consommateurs. Il y a moins de pertes." Et cela a l'avantage de mieux répartir les gains économiques
de la transition énergétique.

Mais investir dans l'électricité verte est devenu plus difficile pour les petits acteurs. Lors de la réforme de la loi sur les énergies renouvelables en 2014, les subventions ont été largement diminuées, surtout pour le photovoltaïque. Le texte prévoit également que les fournisseurs d'électricité disposant d'une installation de plus de 100 kilowatts devront commercialiser eux-mêmes leur électricité dès 2017, directement à la bourse de l'énergie de Leipzig. Une tâche bien compliquée pour des particuliers ou des petites coopératives.

À l'inverse l'éolien offshore est en plein boom. La puissance installée des éoliennes en mer est passée de 1 000 MW en 2014 à 2 800 MW en septembre dernier. "Ces parcs offshore sont nécessaires, car ils permettent de fournir de l'électricité de manière plus stable que l'éolien au sol, explique l'expert de Greenpeace. Mais l'offshore doit être vu comme un complément, et non comme source d'énergie principale." En effet, les éoliennes en mer n'ont pas que des avantages. D'abord, il faut acheminer leur électricité sur de grandes distances. Le gouvernement prévoit donc la construction de 2 650 kilomètres de lignes à haute tension d'ici 2023. Et cela provoque la colère des citoyens. Des dizaines d'initiatives se sont ainsi créées pour protester contre les 800 kilomètres de tracé de la ligne Suedlink, qui devra relier les parcs offshore à la Bavière. Ce scénario centralisé risque d'amener les citoyens à beaucoup moins bien accepter la transition énergétique.

Der deutsche Energiemix ist paradox: Einerseits ist Deutschland Vorreiter im Hinblick auf erneuerbare Energien, andererseits hängt aber viel an der Kohle,
eine der schmutzigsten Energiequellen.



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