Par Jacques Docquiert
« Je ne suis pas du genre à abandonner et j’ai un travail de long terme à accomplir. Ce travail consiste à obtenir le meilleur accord possible sur le Brexit, à s’assurer que nous reprenons le contrôle de notre argent, de nos lois, de nos frontières, que nous pouvons signer des accords commerciaux dans le reste du monde » a expliqué Theresa May, mercredi, à des journalistes qui l’accompagnaient lors d’un voyage officiel en Chine. La Première ministre britannique met ainsi un terme, au moins provisoirement, aux rumeurs annonçant sa démission et un renoncement aux Brexit décidé par référendum en 2016. Sa démission parait pourtant de plus en plus inévitable alors que certains médias britanniques affirment que jusqu’à 40 députés conservateurs appellent à la remplacer à la tête du parti et que les règles du parti conservateur prévoient que si 48 députés le demandent, cela permet de déclencher un vote de défiance obligeant le Premier ministre à quitter ses fonctions. Or
Theresa May accumule les échecs depuis qu’elle a succédé à David Cameron qui avait échoué à convaincre les Britanniques de rester dans l’UE, elle-même s’étant d’abord dite hostile au Brexit. Les négociations ont nettement tourné à l’avantage des partenaires de Londres qui ont très vite constitué un front uni alors que les négociateurs britanniques accumulaient les hésitations et les déclarations contradictoires. Mme May a, en outre, été considérablement affaiblie après avoir convoqué des élections législatives anticipées , en juin 2017, au cours desquelles elle a perdu la majorité absolue, obligeant les conservateurs à constituer une alliance avec les dix députés du parti unioniste démocrate (DUP) d’Irlande du Nord.
Plus récemment, les fuites d’une série de rapports sur les effets négatifs d’un départ du Royaume-Uni de l’Union ont fourni de nouveaux arguments aux adversaires du Brexit. Un rapport intitulé « Analyse de la sortie de l’UE – Rapport transversal de l’administration gouvernementale », daté de janvier 2018 et révélé par un site britannique, ne laisse aucun doute sur les risques du Brexit pour l’économie britannique. Il précise que si le Royaume-Uni garde un accès au marché unique européen après le Brexit, le pays perdra 2% de croissance au cours des 15 années à venir. Et cette perte s’élèverait à 8% en cas de départ de l’Union sans accord. Les défenseurs du Brexit réfutent ces analyses mais toutes les études publiées sur le sujet au cours des six derniers mois sont quasiment toutes défavorables au Brexit. Les conclusions à en tirer sont cependant peu explicites. Un sondage, publié le week-end dernier par « The Gardian », quotidien favorable au maintien dans l’UE, montre que si 58% des sondés sont favorables à un second référendum à l’issue des négociations avec les « 27 », 51% seulement se disent aujourd’hui partisans d’un maintien de leur pays dans l’Union. Des chiffres à peu près similaires à ceux enregistrés en 2016 avant le référendum, avec le résultat que l’on connait.