Par Jacques Docquiert

 

En 2017, les « 27 » ont clamé haut et fort leur volonté de relancer leur Union. Pour convaincre leurs citoyens et leurs partenaires mondiaux, ils doivent concrétiser ces engagements en 2018 en progressant ou en bouclant trois chantiers à haut risque : la définition de leurs futures relations économiques avec le Royaume-Uni, le retour à une certaine solidarité pour gérer une crise migratoire qui risque de durer et la mise en place d’une réforme ambitieuse de la zone euro souhaitée notamment par la France mais qui est loin de faire l’unanimité entre les pays qui partagent la même monnaie. « Des résultats obtenus dépendra largement le succès ou l’échec des élections européennes de 2019, l’absence d’avancées concrètes  risquant de faire le jeu des partis populistes et anti-européens » observe un diplomate qui ajoute que « c’est la crédibilité » de l’Union qui va se jouer au cours des douze prochains mois.

 

Alors que le départ du Royaume-Uni de l’Union est prévu le 29 mars 2019 à minuit, un travail considérable attend les négociateurs qui devront détricoter les liens économiques et juridiques tissés pendant plus de quarante ans entre Londres et ses partenaires, qu’il s’agisse de la circulation des hommes, des marchandises, des capitaux et des services, de l’agriculture, de l’immigration, de l’environnement et de bien d’autres sujets. « Il reste tant de problèmes à régler et nous n’avons pas tellement de temps » a rappelé Angela Merkel lors du dernier sommet européen alors que Michel Barnier, le chef négociateur de l’UE, déplore que ses partenaires britanniques tardent à préciser leurs attentes comme s’ils s’interrogeaient eux-mêmes sur l’avenir de leurs relations avec l’UE. Et tant que la relation future entre les deux rives de la Manche restera brumeuse, en l’absence de stratégie britannique, rien ne peut être fait,  l’essentiel pour les « 27 » étant de rester unis, en dépit d’intérêts souvent différents et parfois contradictoires.

 

Le dernier sommet européen n’a pas réussi, par ailleurs, à rapprocher les points de vue  sur la gestion de la crise migratoire et notamment sur la répartition des demandeurs d’asile qui continuent à arriver, en masse, en Grèce et en Italie en épuisant les capacités d’accueil de ces deux pays. Un front est-ouest est clairement apparu, les pays de Visegrad refusant de prendre leur part de ce fardeau. Pourtant, une stratégie commune est indispensable pour réformer notamment les accords de Dublin qui font peser sur les seuls pays d’arrivée l’accueil et la gestion des demandes d’asile. « La solidarité financière ne suffit pas » a rappelé, à plusieurs reprises, le Président de la Commission, Jean-Claude Juncker, sans convaincre les derniers états membres à avoir rejoint l’UE.

 

Enfin plus de quinze après l’instauration de la monnaie unique, le débat est désormais lancé pour améliorer le fonctionnement de la zone euro. « Nous devons en faire une puissance économique concurrente de la Chine et des Etats-Unis et créatrice d’emplois » avait déclaré en septembre Emmanuel Macron. Mais les pays du Nord, comme les Pays-Bas et l’Allemagne, rechignent à mutualiser des richesses avec les pays du Sud et la France. La Commission a proposé en décembre une série de mesures prévoyant notamment la création d’un Fonds monétaire européen et l’institution d’un ministre des finances de la zone euro. Paris souhaite y ajouter un budget de la zone euro. Mais l’Allemagne tarde à faire connaitre sa position, pourtant déterminante, qui dépendra de la composition de la coalition d’Angela Merkel. L’Union bancaire doit également être complétée mais la question divise également les ministres des finances qui entendent pourtant limiter la concurrence fiscale entre leurs pays où capitaux, biens et services circulent librement sans pour autant céder trop de nouveaux pouvoirs à l’Union.

Par Redaktion ParisBerlin le 29 décembre 2017