L'Europe des jeunes

À quoi pense un enfant polonais quand on lui parle d'Europe ? Quelle est la vision d'un étudiant français qui s'apprête à vivre sa première année d'Erasmus ? Où sont les frontières de l'UE pour un jeune Ukrainien ? Les participants aux Young Europeans Awards ont tenté d'y répondre.

L'homme est célèbre pour son oeuvre des deux côtés du Rhin : le cinéaste Volker Schlöndorff est un européen convaincu et selon lui, la balle est dans le camp de la jeunesse. "Les jeunes sont beaucoup plus optimistes que les vieux vis-à-vis de l'Europe", commente l'homme de 77 ans, qui a accepté le rôle de président du jury des Young Europeans Awards.
Le réalisateur vient d'assister à la présentation des 7 projets qui restent en course pour remporter ce trophée des jeunes européens, assorti d'une visite en septembre des institutions européennes à Bruxelles. Cette année, plus d'une vingtaine de groupes composés de jeunes de 11 et 21 ans venus de France, d'Allemagne, de Pologne et d'Ukraine se sont penchés sur l'unité de l'Europe. Tous devaient répondre à la question suivante : "Jusqu'où va l'Europe ?". Le sujet était volontairement ouvert pour laisser place à la créativité, sur le fond comme sur la forme.

Optimisme surprenant

La dernière phase de sélection du concours avait eu lieu en avril à l'Office franco-allemand pour la Jeunesse de Berlin en collaboration avec l'Allianz Kulturstiftung, la fondation Hippocrène, la fondation pour la coopération germano-polonaise et l'Office germano-polonais pour la Jeunesse. Le jury présidé par Volker Schlöndorff s'est penché sur des projets très créatifs sur la forme : concert, théâtre, organisation de séminaires autour de l'Europe, et même création d'un jeu de société. Mais sur le fond, quasiment tous ont fait passer le même message : ils veulent une Europe ouverte et tolérante face aux autres cultures. Une vision idyllique et plus que jamais utopique par les temps qui courent, à l'heure où la presse ne cesse de se demander si l'Union européenne réussira à surmonter les crises à répétition. L'image d'une Europe où les enfants chantent en se tenant par la main peut prêter à sourire, quand l'arrivée de réfugiés, qui fuient les zones de guerre, divise ses pays fondateurs, lorsque Bruxelles semble incapable de trouver une réponse solidaire à la question du droit d'asile, lorsque les populistes et les extrêmes ont le vent en poupe, ou encore quand la Grande Bretagne menace de claquer la porte de l'UE.

Nés quelque part

Un projet, "The colourful face of Europe", qui s'intéresse aux migrations sur le vieux continent à travers l'histoire, est sorti du lot. Des collégiens sont partis à la quête de leur histoire familiale pour dresser un arbre généalogique et dessiner les mouvements de leurs ancêtres sur une carte. Résultat : on vient tous de quelque part, mais pas forcément d'Europe. Le groupe composé de 80 jeunes se rendront à Bruxelles et passeront quelques jours ensembles autour de la remise des prix officielle. D'ailleurs, pour la première fois, le concours a dépassé les frontières institutionnelles de l'Union puisqu' un pays non-membre a été invité. Le choix de l'Ukraine, théâtre d'un conflit entre pro-européens et pro-russes, n'est sans doute pas un hasard. Pour Michael Thoss, directeur général de l'Allianz Kulturstiftung, "l'Europe est un moteur pour créer une communauté d'intérêt mais aussi une communauté de valeurs".

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