Les dirigeants de l’Albanie, de la Bosnie-Herzégovine, de la Serbie, du Montenegro, de la Macédoine et du Kosovo sont repartis déçus de leur rencontre au sommet avec leurs homologues européens à Sofia. L’Iran, Gaza et les relations avec Washington ont, en effet, davantage occupé les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union que leurs relations avec leurs partenaires des six pays des Balkans occidentaux. A l’issue d’un diner consacré mercredi soir à leurs relations avec Washington et au sort de l’accord nucléaire iranien, l’Europe s’est engagée à observer « une approche unie » pour sauvegarder, à la fois, cet accord dénoncé par Donald Trump et pour tenter d’éviter que leurs entreprises présentes en Iran subissent les mesures de rétorsion américaines. Et le lendemain, les « 27 » – l’Espagne n’a pas participé au sommet UE-Balkans car elle ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo – ont été encore plus prudents en évoquant leurs relations futures avec ces pays où la Russie tente d’étendre son influence alors qu’ils souhaitent tous adhérer un jour à l’Union. 

« L’UE réaffirme son soutien non équivoque pour la perspective européenne des Balkans de l’Ouest » peut-on lire dans la déclaration adoptée par les dirigeants européens et leurs homologues des Balkans. Mais le mot « adhésion » est soigneusement évité et les conclusions de ce sommet se bornent à évoquer des projets consensuels comme le renforcement de la connectivité entre l’UE et les pays de la région à travers la consolidation des infrastructures digitales et de transports et un soutien accru aux réformes économiques. Et la volonté d’une large majorité d’Etats membres de ne pas élargir leur union s’est exprimée dans nombre de déclarations des dirigeants des « 27 ». Emmanuel Macron, notamment, a été très clair sur ce point. « Une Europe plus souveraine suppose d’acter et d’assumer la perspective européenne des Balkans occidentaux » a affirmé le Président de la République pour rassurer ses partenaires. « Ouvrir un nouveau processus d’élargissement aujourd’hui sans condition aucune ne serait pas sérieux » a-t-il immédiatement ajouté. Et d’expliquer : « Il y a des sujets pointés par la Commission sur les questions migratoires, de lutte contre la corruption qui doivent encore être améliorées avant l’ouverture formelle de négociations visant à l’adhésion…L’Union européenne doit se réformer au préalable…C’est un préalable à toute adhésion supplémentaire ».

Pourtant, la Commission européenne a proposé, il y a quelques semaines, d’ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Albanie et la Macédoine, le Monténégro s’étant vu octroyer le statut officiel de candidat en 2010 et la Serbie en 2012. Et lors de leur prochain sommet de juin les dirigeants des « 28 » devront se prononcer sur le sort de Tirana et de Skopje. « Ouvrir des négociations d’adhésion et reconnaitre un statut de candidat n’augure en rien de la durée du processus »  explique un diplomate européen, qui ajoute que de tels gestes ne peuvent que contribuer à stabiliser une région toujours fragile. Reste que les Etats membres, confrontés à des pays qui écartent peu à peu les obstacles qui les empêchent de rejoindre l’Union, devront faire preuve de beaucoup de créativité et de diplomatie pour éviter encore longtemps de parler d’élargissement.

Par Redaktion ParisBerlin le 18 mai 2018