Intervenants et participants sont d’abord convenus que le numérique disposait d’une forte puissance disruptive, en mettant à jour des questions centrales de l’organisation des rapports entre les sociétés humaines et leurs structures de formation et de recherche (dont l’émergence de nouveaux métiers).
La numérisation accrue des secteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche recèle aussi difficultés et contraintes : le passage au numérique a été ainsi dépeint comme une véritable épreuve de « confrontation au réel » pour les établissements d’enseignement supérieur (transversalité des compétences, diversité des modèles, coûts d’infrastructure et investissements importants, multiplicité des sources de financement).
Dans ce contexte, quelle plus-value l’UFA présente-t-elle ?
L’UFA joue pour les étudiants, universités et entreprises membres de son réseau un rôle d’incitation, voire d’aiguillon des évolutions liées au champ du numérique, par exemple lorsqu’elle fournit la base de nouvelles coopérations dans ces domaines ou lorsqu’elle publie des appels à projets spécifiques. Pour les participants à l’atelier, l’intérêt du « franco-allemand » réside d’abord dans l’habitus de structuration des coopérations qui caractérise nos deux pays : l’ENSAM (École nationale supérieure d’arts et métiers) Paris Tech et le KIT Karlsruhe, l’INSA (Institut national des sciences appliquées) de Lyon et l’Université de Passau, la TUM (Université Technique de Munich) et l’IMT (Institut Mines-Télécom) se connaissent et ont pratiqué, au fil de leurs cursus conjoints et projets de recherche intégrés sous l’égide de l’UFA, des modes de coopération très aboutis.
La plus-value franco-allemande est donc liée à la volonté politique d’inscrire les liens dans la durée, la confiance mutuelle nouée et l’interculturalité. Les partenaires peuvent ainsi se servir du numérique comme d’un levier commun de développement et de compétitivité, pour former, par exemple, les cadres intermédiaires destinés à tous les secteurs de l’économie européenne affectés par la « digitalisation ». Rompus à transformer en complémentarité les risques de leur habituelle mise en concurrence, les partenaires académiques, scientifiques et universitaires du « franco-allemand » ont appris à tirer parti de leurs différences – fonctionnements top-down vs bottom-up, cultures numériques de l’accessibilité des données publiques vs de la protection des données privées, financements institutionnels vs sur projets, centralisation vs multipolarité, etc.
Par ailleurs, les établissements français et allemands, riches de leurs échanges disciplinaires, s’efforcent de répondre, aussi bien d’un point de vue économique qu’éthique, technique ou juridique, aux défis communs que posent à l’Europe les plateformes privées globalisées. En cela, ils placent et conservent l’humain au cœur des transformations systémiques induites par le numérique.
L’UFA, engagée dans le secteur du numérique
L’UFA s’implique à plusieurs titres dans le secteur du numérique : elle a co-animé le stand commun « Espace Franco-Allemand pour l’Industrie du Futur » lors du salon Vivatech, du 24 au 26 mai 2018 à Paris, co-organisé par huit institutions du domaine de la recherche et de l’enseignement supérieur ainsi que du monde économique (Arts et Métiers ParisTech, Chambre Franco-Allemande de Commerce et d’Industrie, INSA Lyon, Institut Mines-Télécom, KIT Karlsruhe, TU München, Université de Passau, UFA) présentant des solutions pouvant répondre aux grands enjeux sociétaux de notre temps, dont les activités de 30 start-up françaises, allemandes et européennes. En septembre 2017, l’UFA avait organisé le colloque « Le numérique dans l’enseignement supérieur – Expériences en France et en Allemagne » à Berlin.
Source : Isabelle Maras et Marjorie Berthomier, Université franco-allemande