Par Jacques Docquiert

 

Theresa May n’en attendait pas tant. Les dirigeants des pays de l’Union ont surmonté, dans la nuit de jeudi à vendredi à Bruxelles, leurs divergences pour soutenir unanimement leur homologue britannique et accuser la Russie d’être responsable de l’empoisonnement , le 4 mars, d’un ex-agent double russe à Salisbury au Royaume-Uni. « Il est hautement probable que la Fédération de Russie soit responsable de cet acte…Nous exprimons une solidarité sans faille avec le Royaume-Uni face à cette grave remise en cause de notre sécurité commune » précise une déclaration adoptée par le Conseil européen qui a décidé, en outre, de « rappelé pour consultation » l’ambassadeur de l’UE à Moscou. Une fois n’est pas coutume, cette déclaration unanime est sensiblement plus vigoureuse que le projet initial qui se contentait d’indiquer prendre « très au sérieux » l’évaluation du gouvernement britannique. La France et l’Allemagne ont largement contribué à ce durcissement et plusieurs Etats membres ont même précisé qu’ils pourraient prendre dans les prochains jours des mesures nationales contre la Russie alors que d’autres, comme Chypre, la Grèce, l’Autriche, l’Italie et la Hongrie, souhaitaient, dans un premier temps, préserver leurs bonnes relations avec Moscou.

 

Après plus de deux heures de discussions lors d’un diner de travail des dirigeants européens, c’est finalement la ligner ure qui l’a emporté. La France s’est, pour sa part, déclarée prête à « de possibles mesures, décidées sur base nationale, en contact avec d’autres pays européens ». La Lituanie, l’Irlande, la République tchèque et le Danemark partagent cette analyse. « Je pense que des mesures nationales seront appliquées, déjà à partir de la semaine prochaine, dans de nombreux pays » a résumé la présidente lituanienne Dalia Grybauskaiyé.

 

Les chefs d’Etat et de gouvernement des « 28 » ont, par ailleurs, accueilli avec un certain soulagement la décision américaine, annoncée jeudi soir, d’exempter provisoirement les importations d’acier et d’aluminium européens des tarifs promulgués par l’administration Trump qui devaient entrer en vigueur dans la soirée. Cette exemption, qui court jusqu’au 1er mai, va permettre aux négociateurs européens de rechercher un accord avec Washington. « Le recours à des mesures protectionnistes serait une catastrophe pour nous comme pour les Américains. Nous sommes disposés à évoquer les conséquences de la surproduction mondiale d’acier » commentait un diplomate européen alors que la Chine semble la principale victime de la guerre de l’acier que menace de déclencher Donald Trump.

Par Redaktion ParisBerlin le 26 mars 2018