Par  Rebecca Breitman et Mathilde Karceles

 

Il y a 107 ans, la première Journée internationale de lutte pour les droits des femmes fut célébrée. Proposée par la femme politique allemande Clara Zetkin à la conférence internationale des femmes socialistes de 1910 – réunissant des centaines de femmes de 17 pays – l’idée était d’organiser une grande manifestation une fois par an pour revendiquer des droits précis et en priorité le droit de vote et celui de travailler. La première édition de cette journée fut une réussite : plus d’un million de femmes ont manifesté dans toute l’Europe et aux États-Unis, déterminées à faire entendre leur voix et supprimer les inégalités femmes-hommes ainsi que les frontières entre les pays. Le 8 mars 2018 est pour nous l’occasion de rappeler qu’une plus forte coopération entre les pays, entre les régions transfrontalières est l’une des clefs de réussite pour combattre les inégalités.

 

« Elles sont aussi fermement décidées à exiger après la victoire tous les droits qui leur reviennent. » — Clara Zetkin, Discours à la Première Conférence de l’Internationale

 

Un siècle plus tard, qu’en est-il des inégalités et de la coopération entre les pays, notamment entre l’Allemagne et la France, motrices de l’Europe?

 

Un nouveau traité de l’Elysée : l’alignement des planètes

 

Le 22 janvier 2018 a été signée une résolution inédite entre la France et l’Allemagne, dont l’objectif est une meilleure coopération transfrontalière, plus efficace et plus intégrée. La signature de cette résolution pour un nouveau traité de l’Elysée s’est déroulée au Bundestag à Berlin et à l’Assemblée nationale à Paris. C’est un pas en avant historique dont l’ensemble des actrices et acteurs et des élu-e-s locaux en Alsace ainsi que dans le Bade-Wurtemberg, concerné-e-s par la coopération franco-allemande, doivent se saisir pour en faire une réalité. Nous devons toutes et tous nous saisir de cette occasion pour faire de nos territoires des lieux de vie plus justes.

 

Les données actualisées, un défi à relever

 

Notre premier étonnement réside dans l’absence presque totale de source chiffrée récente et détaillée. Cela pose la question fondamentale de la façon dont sont perçus et analysés les échanges transfrontaliers dans l’ensemble des domaines du quotidien (le travail, la santé, les parcours universitaires, etc.). Ce manque de données participe de la difficulté de relancer une dynamique transfrontalière forte puisqu’il est quasiment impossible de déterminer qui sont les personnes concernées, les difficultés qu’elles rencontrent et les raisons pour lesquelles elles y sont confrontées. Ces renseignements sont pourtant essentiels pour combattre les inégalités.

 

Convaincues qu’une coopération plus franche entre l’Allemagne et la France participerait de manière concrète à la lutte contre toutes les inégalités, nous tenons à mettre en lumière la défense des droits des femmes des deux côtés de la frontière.

 

La coopération transfrontalière au service des droits des femmes

 

Un exemple concret qui ne pourra être régulé que par la coopération transfrontalière est celui de la prostitution. Alors que la France a adopté en 2016 une proposition de loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, l’Allemagne reste sur un chemin de règlementation de la prostitution. Seule une coopération entre les deux pays et plus précisément entre les villes frontalières comme Strasbourg et Kehl permettra d’obtenir une cohérence politique au service de la dignité humaine et à ne plus repousser l’exploitation des femmes à la frontière. Le respect de la dignité humaine doit être un projet commun.

 

Allemagne – France, un enjeu au cœur des territoires

 

Européennes convaincues, issues des générations Schengen et Erasmus, l’idée de frontière nous dépasse. Le transfrontalier n’est pas un sujet qui relève des relations internationales, ce n’est pas non plus un débat entre capitales nationales, c’est pour nous dans le Grand Est, en Alsace, et dans le Bade-Wurtemberg, un défi qui rythme notre quotidien.

 

« Tous les Etats de [l’Europe] sont en effet, aujourd’hui, confrontés à trois défis majeurs, celui de la paix, celui de la liberté, celui du bien-être (…) Pour relever [ces] défis (…), c’est dans trois directions qu’il nous faudra l’orienter : l’Europe de la solidarité, l’Europe de l’indépendance, l’Europe de la coopération. »

 

Ces mots prononcés par Simone Veil lors de son discours d’investiture à la présidence du Parlement européen en 1979 résonnent en nous comme une évidence et un objectif qu’il devient urgent d’atteindre. Sans une coopération solide, en particulier sur des sujets d’égalité, nul-le ne pourra prétendre à un équilibre de vie stable, épanouissant et ouvert au sein des territoires frontaliers. Ni l’égalité femmes-hommes, ni l’émergence d’une identité franco-allemande au sein d’une véritable Europe économique, sociale et solidaire ne sont des idéaux inatteignables.

 

À nous de le prouver.

 

Signataires de la tribune

apl. Prof. Dr. Mechthild Gilzmer, Professeure à l’Université de la Sarre

Arend Christophe, Député de la Moselle et Président du Groupe d’amitié France- Allemagne

 Beu Barbara, Présidente de FemmesPaminaFrauen

Bey Françoise, Adjointe au Maire de Strasbourg en charge de l’égalité femmes-hommes

Bonnet Marie-Jo, Historienne et féministe

Bourcart Gisèle, Présidente de Femmes d’Alsace

Nejla Brandalise, Conseillère régionale Grand Est et conseillère municipale de Colmar

Buhl Denise, Conseillère régionale Grand Est et Maire de Metzeral

Cassaro Alexandre, Conseiller régional Grand Est délégué à l’égalité Hommes- Femmes

Cattin Jacques, Député du Haut-Rhin

Debord Valérie, Vice-présidente de la Région Grand Est en charge de l’Emploi

Depyl Patrick, Maire de la Wantzenau

Dr. Kraus Ingeborg,  Psychologue et psychotraumatologue

Dr. Repussard Catherine, maîtresse de conférences habilitée à diriger des recherches au département d’études allemandes de l’Université de Strasbourg

Dr. Salmona Muriel, Psychiatre et psychotraumatologue

Fontanel Alain, Premier adjoint au Maire de StrasbourgGarcia Laurent, Député de Meurthe-et-Moselle, Conseiller municipal de Laxou et Conseiller métropolitain Grand Nancy

Garcia Laurent, Député de Meurthe-et-Moselle, Conseiller municipal de Laxou et Conseiller métropolitain Grand Nancy

Griesbeck Nathalie, Députée européenne Grand-Est

Hammouche Brahim, Député de Moselle, Whip de la Commission Affaires sociales et Président du Groupe d’Amitié France-Luxembourg

Harster Patrice, Directeur général de l’Eurodistrict Pamina – Generaldirektor des Eurodistrikts Pamina

Hranitzky Régis, Conseiller municipal délégué de Reichstett

Jeunes Européens Fédéralistes Deutschland

Laborde Françoise, Écrivaine et journaliste

Lambert Jean-Charles, Maire de Stutzheim-Offenheim

Leuliette Alexandra, Membre du bureau de la Fédération des Français de l’Étranger -MoDem

Lutz Michèle, Maire de Mulhouse

Keller Fabienne, Sénatrice du Bas-Rhin

Kientz Cathy, Conseillère régionale Grand Est et Adjointe au Maire de Bischwiller

Kohler Christel, Adjointe au Maire de Strasbourg, suppléante de Sylvain Waserman

Mau Huschke, Fondatrice du Réseau Ella

Merabet Lilla, Vice-présidente de la Région Grand-Est, en charge de la Compétitivité, Numérique et Filière d’excellence

 Michels Thierry, Député du Bas-Rhin – Abgeordneter des Unterrheins in der

Montreynaud Florence, écrivaine

Morel Catherine, Conseillère municipale déléguée de Metz

Moritz Hervé, Président des Jeunes européens France

Mouvement du Nid – Bas-Rhin

Muller Michèle, Première adjointe au Maire de Bischwiller

Pfersdorff Françoise, Conseillère départementale du Bas-Rhin, représentante de Femmes d’Alsace dans le Bas-Rhin

 Posternak Lonia et Sacha, Co-fondatrices du journal web L’importante
 Rafik-Elmrini Nawel, Adjointe au Maire de Strasbourg en charge des relations européennes et internationales

Reiss Frédéric, Député du Bas-Rhin

 Rémond Thomas, Conseiller municipal de Strasbourg, Président du MoDem Alsace

Ries Roland, Maire de Strasbourg

Roux Laurine, Secrétaire Générale du Mouvement Radical Social-Libéral du Bas- Rhin, en charge des thématiques droits des femmes et Europe

Sagrafena Myriam, Conseillère municipale déléguée de Metz

Salomon Guy, Conseiller municipal de Molsheim

Sander Anne, Députée européenne Grand Est

Sass Katharina, Assistante sociale et activiste de “LINKE, pour un monde sans prostitution”

 Schalck Elsa, Vice-présidente du Conseil Régional Grand Est en charge de lajeunesse et de l’Orientation
 Schillinger Patricia, Sénatrice du Haut-Rhin – Senatorin des Oberrheins

SISTERS e.V. für den Ausstieg aus der Prostitution!

Sittler Annick, Présidente du Mouvement européen Alsace

Studer Bruno, Député du Bas-Rhin, Président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation

Thiébaut Vincent, Député du Bas-Rhin

Thillaye Sabine, Présidente de la commission des Affaires européennes et députée d’Indre-et-Loire

 Univ.-Prof. Dr. Hans- Jürgen Lüsebrink, Professeur de communication interculturelle à l’Université de la Sarre

Untereiner Delphine, Conseillère municipale de Bischwiller

Waserman Sylvain, Député du Bas-Rhin, Vice-président de l’Assemblée nationale

Wehrling Yann, Secrétaire général du Mouvement Démocrate et ancien Président du MoDem Alsace

Werckmann Françoise, Conseillère municipale de Strasbourg, Présidente de Strasbourg Écologie et de l’Association des Femmes Françaises Diplômées de l’Université (AFFDU) Strasbourg

Winling Angélique, Conseillère municipale d’Ostwald

Wonner Martine, Députée du Bas-Rhin, membre de la commission des affaires sociales

Wurm Nicolas, Directeur du Bureau Europe Grand Est

Zuber Catherine, Conseillère régionale déléguée à la création/reprise d’entreprise, à l’Économie Sociale et Solidaire et à la Vie Associative

 

 

 

Par Redaktion ParisBerlin le 8 mars 2018