Par Jasmin Kohl

"Les Allemands devront porter à jamais des vêtements noirs"


mardi 28 avril 2015
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Il est rare qu'une sortie au cinéma s'inscrive autant dans l'actualité. 70 ans après la libération du camp de concentration d'Auschwitz, mais tout juste une semaine après l'ouverture le 21 avril du procès du "comptable d'Auschwitz", Oskar Gröning, en Allemagne, "Le Labyrinthe du silence" de Giulio Ricciarelli est sorti au cinéma en France le 29 avril. A travers le personnage d'un jeune procureur, le film raconte comment l'Allemagne de l'après-guerre a pu affronter son passé sombre en organisant le procès de Francfort, aussi connu sous le nom de second procès d'Auschwitz.



En 1958, c'est l'amnésie qui domine en Allemagne. Non seulement, les anciens SS n'ont pas été traduits devant un tribunal, mais ils occupent de hauts postes dans la société. Comme par exemple Alois Schulz, ancien SS et alors professeur supérieur de lycée à Francfort. Au moment où il est reconnu par un survivant d'Auschwitz, le journaliste Thomas Gnielka révèle son passé et se heurte à la volonté d'oublier l'histoire sombre de l'Allemagne nazie. Un passé qui suscite l'ignorance, l'indifférence, puisqu'en 1958, le nom "Auschwitz" est loin de rappeler aux Allemands ce qu'il rappelle aujourd'hui. A l'époque et cela paraît inimaginable, la société allemande ignore largement ce qui s'est déroulé à Auschwitz.

Ainsi, M. Gnielka ne cesse de provoquer le scandale et attire l'attention du jeune procureur Johann Radmann (Alexander Fehling). Les deux se fixent comme objectif d'élucider ce qui s'est passé à Auschwitz et de faire comparaître les anciens SS devant le tribunal. Très vite, ils rencontrent une certaine hostilité envers leur projet. "Voulez-vous que chaque jeune dans ce pays se demande si son père était un meurtrier ?", s'exclame même le procureur Walter Friedberg. La société allemande est divisée en deux : ceux qui veulent affronter le passé et, ceux qui préfèrent le passer sous silence sous prétexte que cela ferait mieux avancer le pays.
Toutefois, M. Radmann reste déterminé. Soutenu par le procureur général Fritz Bauer, il parvient à organiser des auditions avec des rescapés du camp de concentration. C'est un des moments les plus forts du film -les témoins racontent et on entend seulement le son de la musique classique. Il n'y a pas besoin de mots, les émotions se traduisent par les gestes et visages horrifiés du jeune procureur et sa secrétaire. Des images qui tiennent en haleine.

Plus le film avance et plus le personnage du jeune procureur se montre obsédé par sa mission. "Les Allemands devront porter à jamais des vêtements noirs", résume le héros qui est convaincu que les Allemands doivent se repentir face aux actes commis à Auschwitz au lieu d'avancer comme si de rien n'était. C'est la responsabilité individuelle, la limite de l'obéissance aux ordres et la question "Qu'est-ce que j'aurais fait à leur place ?" qui sèment le malaise et qui soulignent l'importance de la transmission de la mémoire aux jeunes générations. Giulio Ricciarelli a choisi pour son premier long métrage de lier fiction et faits réels. "Nous avons tenté de relater les faits historiques le plus précisément possible", résume-t-il. Ainsi, le procureur Fritz Bauer et le journaliste Thomas Gnielka ont réellement existé, alors que le personnage de Johann Radmann été imaginé à partir des trois procureurs qui ont mené l'enquête à l'époque.
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