Racontez-nous l’historique de la coopération entre la HWR et l’ESCE. Qui a donné les impulsions majeures pour la création du cursus « Management International » et comment s’est-il développé ?
La coopération de la HWR et de l’ESCE a commencé en 1990, d’abord avec un échange régulier d’étudiants, puis en sein de notre programme de master « European Management ». Dans le cadre d’une conférence de l’Université franco-allemande, Prof. Dr. Franz Herbert Rieger, ancien directeur de l’HWR, et le professeur Jean Meimon, fondateur et ancien directeur de l’ESCE, se sont entendus sur une nouvelle forme de coopération entre nos deux écoles, plus structurée et intégrée. Au semestre d’hiver 2002/2003, nous avons donc initié le cursus franco-allemand « Management International ». Grâce à ce cursus et au directeur de la HWR de l’époque, Prof. Dr. Rieger, on a pu ouvrir un nouveau chapitre important dans la stratégie d’internalisation. Les précurseurs étaient principalement Prof. Dr. Bertram Michel, professeur franco-allemand en droit du travail, et ses collègues français(e)s. L’ancien ambassadeur d’Allemagne à Paris, Fritjof von Nordenskjöld, a accepté d’assumer le parrainage de la première promotion.

 

Pourquoi le choix d’un cursus combinant licence et master ?
Le fait de ne pas devoir chercher un master est un véritable point fort de ce cursus. En Allemagne, les étudiants changent parfois de direction après la licence pour faire leur master dans une autre université. En France, les étudiants sont habitués à réaliser cinq ans d’études dans une même université. Le fait de pouvoir chercher un stage avec un diplôme entre les mains est un véritable avantage. Entrer sur le marché du travail après cinq années d’études réalisées alternativement en France et en Allemagne donne toutes les clés pour l’avenir.

 

Selon vous, qu’est-ce qui rend unique cette coopération?
Le programme a trois points forts. Tout d’abord il s’agit d’une licence, suivie directement d’un master. À la fin du cursus, les étudiants ont donc au total quatre diplômes : la licence et le master de l’HWR, le « grade de master » (bac+5) de l’ESCE Paris et le diplôme de l’Université franco-allemande. C’est donc un diplôme très complet. Ensuite, il ne s’agit pas d’un simple échange entre étudiants. C’est une coopération très étroite, avec un programme de cours conçu de manière complémentaire pour profiter des points forts de chaque école. Enfin, l’UFA représente un grand soutien pour ce programme. Depuis que j’ai repris la gestion du programme en 2010, nous avons conçu un cursus enrichissant qui satisfait parfaitement les étudiants. Qu’ils soient allemands ou français, ils nous disent tous qu’ils renouvelleraient cette expérience. Même ceux qui décident de quitter le programme après la licence pour s’orienter vers une autre direction, le quittent avec un peu de nostalgie.

 

Quelles sont les conditions d’entrée pour ce cursus ?
Puisqu’il y a deux écoles, il y a deux possibilités d’entrée. En Allemagne, les professeurs procèdent à une sélection par dossier, suivi d’un entretien qui vise principalement à évaluer la motivation et les connaissances de la langue française. Chaque année, nous recevons environ 100 candidatures, dont 40 candidats sont invités aux entretiens et 13 à 14 sont retenus. Les entretiens se déroulent toujours en coopération avec notre partenaire. Par conséquent, un représentant de l’ESCE est donc présent. En France, il y a une première sélection via le concours Sésame (un concours d’entrée commun à 8 écoles de commerce et de management international délivrant toutes un diplôme visé à bac+4 ou bac+5). Une seconde phase correspond ensuite à l’entrée à l’ESCE, avant de passer également un entretien de motivation pour le programme. De même façon qu’à l’HWR, les entretiens se déroulent en coopération avec l’école partenaire, je viens donc régulièrement à Paris pour y assister.

 

Comment se déroule ce programme exactement ?
Durant les deux premiers semestres, chaque école garde ses propres étudiants. Pour le troisième et quatrième semestre, les étudiants se retrouvent tous à Paris. Durant le cinquième semestre, ils réalisent un stage : le stage des étudiants allemands se déroule dans un pays francophone, par exemple en France, en Belgique ou au Canada. Le stage des étudiants français se déroule dans un pays germanophone comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Suisse allemande. Du sixième au huitième semestre, ils reviennent tous à Berlin pour passer les cours obligatoires pour l’obtention de la licence allemande, écrire leur mémoire de licence, et commencer le master avant de retourner à Paris pour finir les spécialisations de l’école partenaire durant le neuvième semestre. Pour le dixième et dernier semestre, ils peuvent soit choisir le système classique des écoles de commerce françaises avec un mémoire-stage, soit revenir à Berlin pour écrire un mémoire classique : la Masterarbeit.

 

Il s’agit donc d’un programme de commerce international dans un cadre franco-allemand. Quel rôle y joue l’anglais ? Nos étudiants doivent écrire leur « mission export », un projet en deuxième année, pour lequel ils travaillent en équipe avec leurs binômes de l’autre école, en français. Le mémoire de licence doit être écrit en allemand. Quant au mémoire de master, celui-ci doit être rédigé en anglais. Nos étudiants ont donc un très bon niveau en allemand, français et également en anglais.

 

Quelles sont les chances de trouver un emploi après avoir terminé le cursus « Management International » ?
Je ne connais pas d’étudiant au chômage, issu de notre parcours. Plus de 200 de nos diplômés travaillent aujourd’hui dans des grandes entreprises ou des organisations internationales comme SAP, Mazars, BearingPoint, Capgemini, Airbus, L’Oréal, Deloitte, Air France, PwC, Universal Music, Simon Kucher ou KPMG.

 

Comment ce cursus peut-il contribuer à mieux répondre aux défis posés par la globalisation ?
Nos étudiants évoluent dans un monde globalisé. C’est un point essentiel. Rien ne leur fait peur, que ce soit de partir travailler à Singapour ou à Johannesburg. Deuxièmement, nos étudiants ont des compétences interculturelles très marquées. Ils ont acquis un savoir-faire unique, car ils sont obligés de le développer dès la première année. Ils sont parfaitement capables de travailler dans des groupes internationaux et quand ils rencontrent des difficultés, la situation va être analysée en prenant en compte les différences culturelles.

 

Quelles nouvelles orientations stratégiques prévoyez-vous dans les années à venir?
Les étudiants ont exprimé le souhait de réaliser davantage d’expériences dans des pays tiers, surtout en Chine. L’Asie offre des expériences professionnelles et intellectuelles complètement différentes. Pour le futur, j’imagine réaliser d’autres coopérations, par exemple avec des pays émergents.

Par Redaktion ParisBerlin le 2 novembre 2017